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Jarry répond aussitôt à l’invitation formulée par Fénéon, sans chercher pourtant à écouter le<br />

prudent conseil visant à faciliter son entrée à La Revue blanche et la perpétuation de sa présence en<br />

son sein, avec « Le Vieux de la Montagne » qui est (malgré cela) publié le 15 mai 1896,<br />

accompagné d’un compte-rendu de sa plume 1 .<br />

L’auteur de César-Antechrist indique que ce texte a été écrit spécialement suite à cette<br />

invitation et admet l’éventualité d’un refus, dont il minimise la portée : « Je me permets de vous<br />

envoyer une chose qui a été écrite en vue de La Revue blanche ; mais si (pour raisons de longueur,<br />

obscénité ou obscurité), elle ne devait pas passer, ça ne ferait rien du tout et il faudra me le dire.<br />

Maintenant, si cela passe, ça me fera beaucoup de plaisir. 2 » Cette précision a tout son sens si l’on<br />

considère précisément « Le Vieux de la Montagne » : ce texte en effet ne répond nullement,<br />

comme déjà signifié, à l’impératif de clarté énoncé avec tact par Fénéon et Jarry prend acte par la<br />

mention de l’éventualité d’un refus du fait, justement, qu’il s’en éloigne.<br />

Cet éloignement doit être rattaché à la lettre de la main de Jarry 3 datée du lendemain de<br />

l’invitation de Fénéon dans laquelle il lui propose de « lui envoyer les Minutes 4 », en somme de<br />

développer encore davantage la vision qu’a Fénéon de son style en liens inaltérables avec la<br />

notion d’obscurité (le secrétaire de La Revue blanche prononçant le terme « abstrus »).<br />

Après la publication du « Vieux de la Montagne », écriture douée certes d’obscurité, dans les<br />

pages de La Revue blanche, même si « [l]e 15 octobre Jarry fait un autre pas hors de l’attraction<br />

mercurielle avec « L’Autre Alceste » 5 », un texte guère plus doué de clarté, il faudra attendre un<br />

certain temps avant que la présence de l’auteur de César-Antechrist à La Revue blanche puisse trouver<br />

une modalité qui puisse asseoir sa récurrence, à savoir 1900. « La collaboration de Jarry ne devint<br />

[…] régulière [à La Revue blanche] qu’à partir du 1 er juillet 1900, lorsque débuta la parution, en<br />

feuilleton, de Messaline. À partir de ce numéro 170, et à une exception près jusqu’au dernier, Jarry<br />

fournit à cette revue de la copie, abondante et variée : notes de lecture, critiques théâtrales,<br />

poèmes, extrait de roman (« La Bataille de Morsang ») et, surtout, ses « Gestes » et<br />

« Spéculations » 6 ».<br />

Néanmoins, il est fort possible que le style de Jarry n’ait nullement constitué un obstacle à<br />

son intégration immédiate à La Revue blanche (quand bien même la façon qu’il a d’asseoir son<br />

écriture au sein des pages de La Revue blanche suivant une périodicité notable se confond<br />

1<br />

Jarry occupe du reste souvent simultanément les deux pôles des petites revues : la partie création<br />

et la partie critique.<br />

2<br />

OC I, p. 1045-1046.<br />

3<br />

Id., p. 1044.<br />

4<br />

BESNIER, p. 218.<br />

5<br />

Dir. Collège de pataphysique, op. cit.<br />

6<br />

OC II, p. 793.<br />

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