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1898 : « Quand revenez-vous, Madame ? Nous aurons bientôt fini notre chapitre et nous<br />

aimerions vous l’entendre lire, car nous n’y comprenons rien tant il nous semble clair 1 ».<br />

En effet, Le Surmâle fut achevé si l’on en croit le manuscrit le 18 décembre 1901 2 . Jarry l’a<br />

très probablement fait lire à Rachilde juste après, d’autant plus que l’écriture du Surmâle<br />

correspond selon l’auteur de L’Imitation de la mort grosso modo au moment où elle s’est<br />

convaincue de devoir lui apprendre à « écrire comme tout le monde » (« Comme un jour je lui<br />

avouais ne rien comprendre à la lecture de César-Antechrist : « Tout de même, Père Ubu, si vous<br />

vouliez écrire comme tout le monde… » « – Apprenez-moi ! » coupa-t-il de sa voix cinglante. «<br />

Ce que je fis, d’ailleurs, un peu pour le plaisir de me venger du mot et aussi pour lui permettre de<br />

gagner sa vie 3 ») – Rachilde ne pouvait qu’être ainsi curieuse et impatiente du « résultat », ce<br />

roman ayant de plus (et peut-être en partie pour la raison que nous venons d’évoquer) une<br />

importance réelle pour elle, importance telle qu’elle utilisera son titre pour, une fois déformé afin<br />

qu’il puisse intégrer la présence de Jarry (mais il est vrai que Jarry se comparait lui-même avec<br />

beaucoup de facilité au Surmâle), nommer son livre de souvenirs le concernant, l’intitulant Alfred<br />

Jarry ou le Surmâle de lettres.<br />

En outre, dans ce même compte rendu de Thérèse Degaudy, Rachilde écrit peu après :<br />

« L’auteur nous donne à entendre que ce Monsieur a tué sa première épouse en l’aimant d’une<br />

façon trop évidente. (Ça, c’est un bruit que les nouveaux hommes des cavernes sociales font<br />

courir, ces amours de singes du Jardin des Plantes !...) 4 ».<br />

La première phrase de Rachilde fait allusion à la façon suivant laquelle Ellen, au sein du<br />

Surmâle toujours, paraît d’abord mourir suite aux assauts sexuels répétés de Marcueil 5 .<br />

La seconde fait quant à elle référence de façon un peu moins implicite à la chronique de Jarry<br />

intitulée « La femme esclave » parue dans La Revue blanche du 15 mars 1901, où l’auteur du Surmâle<br />

cite l’ « Histoire de Wardân le Boucher avec la fille du vizir » contenue dans les Mille nuits et une<br />

nuit 6 : « « Car rien n’est plus fécond en assauts que le singe », a dit notre Mardrus. Et si vous<br />

prenez la peine de considérer la cage des papions au Jardin des plantes, vous conviendrez que<br />

c’est encore à notre aïeul quadrumane qu’il faut remonter pour retrouver, pures, les saines<br />

traditions de la vraie galanterie française. »<br />

Si l’évocation des singes du « Jardin des Plantes » est chez Jarry un écho probable du<br />

« Double assassinat dans la rue Morgue » de Poe, où est mentionnée la façon dont le singe<br />

1 OC I, p. 1065.<br />

2 Voir OC II, p. 769, 787.<br />

3 Rachilde, Alfred Jarry ou le Surmâle de lettres, Grasset, collection La Vie de bohème, 1928, p. 22-23.<br />

4 Le Mercure de France, op. cit.<br />

5 Voir OC II, p. 259-260.<br />

6 Voir BL I, p. 810.<br />

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