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L’homme (et non la femme selon Péladan, car celle-ci se hausse au-dessus de sa condition<br />

grâce à l’élan passionnel) doit se protéger de la passion, pour les dangers qu’elle représente.<br />

« [L]’homme même de génie se médiocrise dans la passion 1 ». Elle le détourne de son œuvre ou<br />

de son rêve d’œuvre, en l’enfermant dans la logique de la vie sentimentale, qui est propre à<br />

enchaîner l’homme à ses instincts.<br />

La passion, telle que la définit Péladan (« [j]e définirais la passion… »), est « la<br />

sentimentalisation d’un instinct 2 ». Or, la « vie instinctive 3 » est la plus condamnable qui soit. Les<br />

« passions banales », qui la régissent, empêchent l’homme de se « mettre en route vers l’absolu 4 ».<br />

Il y a donc une « bassesse de la vie passionnelle 5 ».<br />

Péladan va jusqu’à signifier par deux fois (ce qui montre à quel point cette idée lui tenait à<br />

cœur) que le bonheur « se produit en […] éteignant la vie passionnelle et en développant, de<br />

toutes nos forces, la vie intellectuelle, la seule éternelle ! 6 ». La vie intellectuelle ne risque jamais de<br />

se réduire à la « vie végétative », ne laissant aucune place à l’acte charnel, qui inscrit l’amour dans<br />

l’éphémère, un éphémère sans cesse renouvelé.<br />

3. 3. 7. 4. 4. 2. Refus de l’acte sexuel.<br />

L’on peut penser que le refus de l’acte sexuel est une conséquence (à moins que ce ne soit<br />

l’inverse) du refus de la passion.<br />

Tuer en soi « l’attraction sexuelle » est nécessaire selon Péladan si l’on veut « la toute<br />

puissance [sic] 7 », autrement dit la puissance sur soi, laquelle inclut toutes les autres, et affirmer<br />

son indépendance : ne pas aimer équivaut à se suffire à soi-même, ce qui est le cas de l’androgyne<br />

1 Péladan, La Décadence latine, éthopée [IV], À cœur perdu, op. cit., p. 230.<br />

2 Péladan, La Décadence latine, éthopée [III], L’Initiation sentimentale, op. cit., p. 111. Le fait que Péladan<br />

propose une définition scientifique de la passion n’est pas surprenant sous sa plume. Son travail<br />

d’écrivain est scientifique dans la mesure où il cherche à dégager des lois capables d’expliquer<br />

toutes les manifestations de l’être : il parle bien souvent scientifiquement de ce qui a trait au corps<br />

ou à la volupté, ce qui est une façon également de s’en tenir à distance, l’investigation scientifique<br />

opérant une distanciation radicale entre soi et l’objet étudié. En outre cherche-t-il à se dégager des<br />

lieux communs perpétués sur des sujets aussi éculés, l’écriture visant à donner une empreinte<br />

réelle de ce dont il est question, et non à être la trace d’une subjectivité.<br />

3 Péladan, La Décadence latine, éthopée [IV], À cœur perdu, op. cit., p. 346.<br />

4 Péladan, La Décadence latine, éthopée [II], Curieuse !, op. cit., p. 18.<br />

5 Péladan, La Décadence latine, éthopée [IV], À cœur perdu, op. cit., p. 257.<br />

6 Péladan, La Décadence latine, éthopée [II], Curieuse !, op. cit., p. 331 et Péladan, La Décadence latine,<br />

éthopée [III], L’Initiation sentimentale, op. cit., p. 146-147.<br />

7 Sar J. Péladan, La Décadence latine, éthopée [I], Le Vice Suprême, op. cit., p. 298.<br />

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