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d’élever l’être en le plaçant au centre d’une « union de noblesse socratique 2 », l’intérêt pour les<br />

âmes duquel le platonisme naît (« par deux points contingents et tangents de leur âme et seuls ils<br />

coïncident 3 »), la terminologie employée (« Dans l’étreinte, l’androgyne se reconstituait et leur<br />

corps astral devenait unique pour tous deux 4 », « gynandre 5 »), font de ce court texte la résultante<br />

possible d’une lecture active et enthousiaste de La Décadence latine.<br />

Un autre passage va dans ce sens. Jarry écrit, parlant de Johannes et d’Anna : « l’une<br />

gynandre en spontanéité, l’autre d’irrésolution (parfois) androgyne 6 ».<br />

L’ « irrésolution » est bien le propre de l’androgyne chez Péladan 7 . En hésitation perpétuelle<br />

quant à sa réalisation (sexuelle mais surtout personnelle), il est une Idée parfaite qui va déchoir en<br />

un corps sexué : « L’androgyne n’existe qu’à l’état vierge, c’est-à-dire idéal : à la première<br />

affirmation du sexe, il se résout au mâle ou au féminin 8 ».<br />

3. 3. 7. 2. Le Surmâle.<br />

Le Surmâle manifeste également, même si c’est dans une moindre mesure, des liens certains<br />

entre Péladan et Jarry.<br />

Si Péladan proclama qu’il faut se méfier du « comme tout le monde » qui « est le credo de<br />

l’actuelle société 9 », car « le « faire comme tout le monde » aboutit, sauf les nuances de canaillerie,<br />

à vivre comme on voyage et comme on va en terre, en première ou troisième classe 10 », Jarry<br />

finira par se conformer à ce « credo » avec Le Surmâle, si l’on en croit Rachilde (et rien ne pousse à<br />

la croire), roman « moderne » qui ne marque pas néanmoins une rupture avec Péladan 11 puisque<br />

des vers de Babylone : « Destin ! Destin ! […] Pas une voie, pas un signe ! Si le Ciel était vide ? 12 »<br />

1<br />

OC I, p. 1004.<br />

2<br />

Ibid.<br />

3<br />

Ibid.<br />

4<br />

Péladan, La Décadence latine, éthopée [IV], À cœur perdu, op. cit., p. 363.<br />

5<br />

OC I, p. 1004.<br />

6<br />

Ibid.<br />

7<br />

Cette conception n’est pas, du reste, propre à Péladan. L’intérêt pour l’androgyne, proprement<br />

fascinant, appartient pleinement à l’univers fin-de-siècle. Comme l’écrit l’auteur de La Décadence<br />

latine dans Cœur en peine : « Après vous autres les androgynes, tout apparaît fade, inférieur… »<br />

(Péladan, La Décadence latine, éthopée [VII], Cœur en peine, op. cit., p. 249).<br />

8<br />

Péladan, La Décadence latine, éthopée [VIII], L’Androgyne, E. Dentu, 1891, p. 38.<br />

9<br />

Péladan, La Décadence latine, éthopée [XIV], La Vertu suprême, op. cit., p. 177.<br />

10<br />

Péladan, La Décadence latine, éthopée [IV], À cœur perdu, op. cit., p. 273.<br />

11<br />

Du reste Jarry restera-t-il élogieux à propos de son œuvre jusqu’à la fin de sa vie : en<br />

témoignent les comptes rendus qu’il publie dans La Revue blanche et qui ne portent aucune trace<br />

d’ironie.<br />

12<br />

Péladan, Babylone, « tragédie en quatre actes », Chamuel, 1895, p. 33, 35.<br />

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