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Le développement de la critique se confond ainsi avec le développement de la presse : le<br />

nombre de journaux « est particulièrement élevé au tournant du siècle 1 ». Cette expansion est due<br />

au fait qu’ « [e]n dépit d’une législation d’abord restrictive, et par-delà les péripéties de la vie<br />

politique, la presse à bon marché connaît un grand essor ; le journal « à un sou », formule que<br />

popularise Le Petit Journal, fondé en 1863, s’adresse à un public de masse. Les tirages des plus<br />

grands journaux vont atteindre le million alors que sous la Restauration il était rare de dépasser<br />

les dix mille exemplaires. Cette presse devient pleinement nationale et sa diffusion s’effectue dans<br />

le pays tout entier. 2 » « La multiplication des librairies va dans le même sens tandis que la<br />

croissance du réseau ferroviaire raccourcit les délais de distribution. 3 »<br />

La critique devient dans ces conditions « une véritable profession, la tenue régulière d’une<br />

rubrique littéraire permettant à certains de vivre de leur plume. 4 » Il est ainsi possible de vivre en<br />

tant que critique, Jarry comptant néanmoins tout à la fois sur les revenus liés à son écriture<br />

spéculative et sur ceux liés à son travail de critique puisque, La Revue blanche fixant un tarif en<br />

fonction du nombre de pages publiées, Jarry peut ainsi, ses comptes rendus étant en général très<br />

courts (du fait vraisemblablement d’une exigence de brièveté imposée par la rédaction mais<br />

également du fait du goût profond de l’auteur de Messaline pour l’ellipse, pour le raccourci, pour la<br />

non explicitation en somme), recevoir davantage d’argent.<br />

2. 3. 2. Figures du critique professionnel et du reporter.<br />

« [L]e métier de critique s’associant fréquemment à celui de journaliste 5 », sont haïes par les<br />

auteurs ayant trempé leur plume dans l’encrier très noir du symbolisme la figure du critique<br />

professionnel (ainsi que nous l’avons déjà signalé), et celle du « reporter », en somme les membres<br />

permanents de la presse sans lesquels celle-ci ne pourrait fonctionner ; comme le note Camille<br />

Mauclair dans Le Soleil des Morts, reprenant un topos : « la presse […] n’est qu’un ramassis de ratés<br />

parmi lesquels on ne trouverait pas dix hommes intéressants. 6 »<br />

bibliométrie littéraire », Dir. M. Espagne et M. Werner, Philologiques I, Contribution à l’histoire des<br />

disciplines littéraires en France et en Allemagne au XIX° siècle, Edition de la Maison des sciences de<br />

l’homme, 1990, p. 311-332 (et notamment p. 330 en ce qui concerne les relations de domination<br />

auteur/critique).<br />

1<br />

LEROY BERTRAND-SABIANI, op. cit.<br />

2<br />

NORDMANN, op. cit.<br />

3<br />

Ibid.<br />

4<br />

Ibid.<br />

5<br />

Id., p. 9.<br />

6<br />

Romans Fin-de-Siècle, 1890-1900, op. cit., p. 899.<br />

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