30.06.2013 Views

thèse

thèse

thèse

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

« Tapisseries » : Jarry s’inspire ici d’une série de onze aquarelles du peintre norvégien Gerhard<br />

Munthe qu’il put voir à loisir au Salon du Champ-de-Mars, puisqu’elles y furent exposées dès le<br />

10 mai 1893 1 . Découvre-t-il seul les aquarelles de Munthe comme le proclame Beate Ochsner 2 ou<br />

bien leur intérêt lui est-il soufflé par Léon-Paul Fargue qu’il rencontre en 1892 ou par quelque<br />

présence tutélaire ? Nul ne le sait.<br />

L’intérêt de revenir à cette source de l’enracinement, afin de pouvoir en mesurer toute la<br />

portée, toute l’intensité – et ainsi de comprendre la façon qu’elle a de s’établir jusqu’à la fin de<br />

l’existence de Jarry –, est d’autant plus vif que ces trois poèmes ont reçu très peu d’attention de la<br />

part des exégètes, comme le rappelle Jill Fell, cherchant alors à y remédier 3 . Ainsi, l’on se<br />

reportera principalement, pour davantage d’éclaircissements, à son livre intitulé Alfred Jarry, an<br />

imagination in revolt 4 , à la <strong>thèse</strong> de Hunter Kevil, Les Minutes de Sable Mémorial : A Critical Edition 5 , et<br />

aux annotations dont Paul Edwards a gratifié le premier volume de son édition anglaise de<br />

l’œuvre de Jarry 6 .<br />

La série d’aquarelles de Munthe s’intitule Contes de fées 7 et donne à ressentir librement l’histoire<br />

du folklore nordique, avec un intérêt particulier pour l’horreur sur lequel il se construit – Jarry<br />

retient du reste particulièrement cette horreur, par le choix des aquarelles répondant le mieux,<br />

semble-t-il, à son attrait pour Les Chants de Maldoror.<br />

Au moment où il écrit « Tapisseries », Jarry est féru d’expositions (qu’il voit, peut-on penser,<br />

en grand nombre) et aspire en cette période très vraisemblablement à devenir également, de façon<br />

régulière, critique d’art au sein de la revue du Mercure de France (afin ainsi de continuer d’une<br />

certaine manière, sinon la voix d’Aurier, du moins dans sa voie, sous l’égide amicale de Remy de<br />

Gourmont). Ce projet non formulé échouera dès septembre 1894 du fait, comme nous l’avons<br />

déjà mentionné, de la trop grande obscurité de son long article sur Filiger, travail à vocation<br />

nullement herméneutique cherchant à tendre irrémédiablement du côté du poème en prose et<br />

1<br />

Voir le Catalogue des Ouvrages de Peinture, Sculpture, Dessins, Gravure, Architecture et Objets d’Art exposés<br />

au Champ de Mars le 10 mai 1893 (Evreu, Hérissey, 1893).<br />

2<br />

Voir Beate Ochsner, Jarry : le monstre 1900, Shaker, 2002, p. 74.<br />

3<br />

Jill Fell, Alfred Jarry, an imagination in revolt, U.S.A., Fairleigh Dickinson University Press, 2005, p.<br />

106.<br />

4<br />

Voir Id., p. 106-112.<br />

5<br />

Hunter Kevil, Les Minutes de Sable Mémorial : A Critical Edition, PhD thesis, Ann Arbor, Mich.,<br />

University Microfilms, 1976, p. 515-522.<br />

6<br />

Alfred Jarry, Collected Works of Alfred Jarry, Vol. 1, Adventures in ‘Pataphysics, edited and annotated<br />

by Alastair Brotchie and Paul Edwards, translated by Paul Edwards and Antony Melville,<br />

London, Atlas Press, 2001, p. 281-285. Voir aussi Matthieu Gosztola, « Tapisseries », L’Étoile-<br />

Absinthe, n° 126-127, Dir. Julien Schuh, « Commentaires pour servir à la lecture des Minutes de<br />

sable mémorial », Paris / Tusson, Société des amis d’Alfred Jarry & Du Lérot, 2011, p. 135-176.<br />

7<br />

Jill Fell, op. cit., p. 106.<br />

135

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!