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(nous soulignons) dans le passage suivant : « Entre deux colonnes du portique, apparaissait<br />

vivant, le fameux tableau du palais Sciarra, maintenant perdu. 1 »<br />

L’auteur de Messaline va plusieurs fois jusqu’à utiliser les guillemets, comme il le fait dans<br />

« De Don Quichotte à Otero » (La Revue blanche, 15 juin 1902), simplement parce que ceux-ci sont<br />

présents dans le texte qu’il cite indirectement ! Ainsi, Jarry écrit : « Les banderilleros, chulos et<br />

espadas de La Marquesita, rutilants sous « l’habit de lumière » », s’inspirant directement de la<br />

formulation suivante : « Sous le « vêtement de lumière » du torero […] 2 ».<br />

Et Jarry cherche à détourner manifestement l’utilisation qui est faite habituellement des<br />

guillemets, dans le cadre de la critique littéraire, puisqu’ils renvoient parfois à un autre texte que<br />

celui qui est chroniqué, sans que cet autre texte soit identifié, précisément ou allusivement,<br />

comme c’est le cas dans le compte rendu du Code-Manuel du pêcheur et du Code-Manuel du chasseur de<br />

Gaston Lecouffe paru dans La Revue blanche du 15 septembre 1900, Jarry citant un passage des<br />

Conférences scientifiques et allocutions de William Thomson (Lord Kelvin) publiées chez Gauthier-<br />

Villars en 1893, un livre dont il s’est par ailleurs beaucoup servi pour l’écriture de Faustroll.<br />

L’on peut parler de rupture opérée avec la norme dans la mesure justement où Jarry ne renie<br />

pas celle-ci mais conserve les usages qui y sont rattachés, puisque des citations présentes dans ses<br />

comptes rendus émanent comme c’est d’usage des œuvres chroniquées. Si d’emblée il avait refusé<br />

de se conformer aux convenances implicites que revêtent les critiques littéraires quand il s’agit de<br />

chroniquer un ouvrage (donner son avis, l’illustrer d’exemples parlants identifiés par les<br />

guillemets…), il se serait de facto situé hors des normes implicitement rattachées à tout acte<br />

d’énonciation d’un discours qui se veuille critique. Il n’aurait ainsi plus été possible pour lui de<br />

s’opposer aux normes dans l’exacte mesure où elles auraient été niées.<br />

3. 2. Une théorie cachée dans une pratique.<br />

Notre visée, en identifiant chaque citation indirecte, a été de permettre de ne plus envisager<br />

cet ensemble de textes comme un simple « complément » ou une simple « annexe », eu égard à<br />

l’œuvre complète de Jarry, pour reprendre les titres adoptés par Décaudin 3 et Saillet 4 .<br />

1<br />

Joséphin Péladan, La décadence Latine (Éthopée), Modestie et Vanité, préface de Camille Mauclair,<br />

Les Éditions du Monde Moderne, 1926, p. 149.<br />

2<br />

Jean-Louis Talon, La Marquesita, « roman de mœurs espagnoles », Éditions de la Revue blanche,<br />

1902, p. 9.<br />

3<br />

Voir Alfred Jarry, « [Compléments] », Bouquin, p. 1116-1131.<br />

4<br />

Voir Alfred Jarry, « [Spéculations annexes, Notes sur des livres et des spectacles, Réponses à des<br />

enquêtes, etc.] », La Chandelle Verte, lumières sur les choses de ce temps, édition établie et présentée par<br />

Maurice Saillet, Le livre de poche, 1969, p. 521-679.<br />

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