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Jarry veut donner à ressentir ces voix plus qu’à les entendre (car les citations des auteurs<br />

mentionnés sont souvent dissimulées et, quand elles sont données, le sont souvent de façon<br />

fautive, s’affirmant comme des recréations, hormis lorsqu’il s’agit, par exception, d’anti-<br />

glorification comme c’est le cas avec Pierre Loti). Elles sont ainsi proposées dans toute leur<br />

singularité, puisque chacune de ces voix s’affirme comme étant de facto détachée des autres : une<br />

île (l’univers de certains auteurs recelant cette forme, de par l’effectivité des dédicaces) détachée<br />

des autres, un numéro détaché des suivants et précédents dans la liste des livres pairs (l’on n’a pas<br />

assez accordé d’importance à ce principe de classification – qui, conférant à chaque auteur et/ou<br />

œuvre un numéro, les détache par ce biais irrémédiablement les un(e)s des autres –, pensant que<br />

son sens ne tenait qu’au souci de vraisemblance induit par le processus narratif, autrement dit au<br />

regard procédurier de l’huissier), ou une évocation (dans le chapitre VII intitulé « Du petit<br />

nombre des élus ») détachée des autres par le biais de la reprise anaphorique « De » qui a même<br />

valeur que les numéros de la liste.<br />

Jarry cherche néanmoins à réunir toutes ces voix, toutes ces singularités d’auteurs dans la<br />

même unité matérielle (c’est cette tension sans cesse irrésolue entre unité et éclatement qui<br />

caractérise le plus complètement Faustroll), à la façon exactement d’une revue (c’est même le<br />

propre de toute revue de se tenir toujours dans une même tension à jamais irrésolue qui lui<br />

interdit le statut d’œuvre en même temps qu’elle s’affirme, de fait, toujours davantage qu’un<br />

ensemble ; tension qui interdit de la définir précisément autrement que comme revue, ce par quoi<br />

l’on évite justement l’écueil de la définition).<br />

Le Mercure de France lui-même s’attache à abriter, sous une même unité factuelle, une relative<br />

diversité des voix, diversité que Vallette souhaitera toujours conserver, et qu’il fera exister plus<br />

complètement encore dans le champ de sa revue en l’ouvrant de façon toujours plus pléthorique<br />

à des points de vue critiques concernant toutes les branches de l’art, de la science, de l’industrie...<br />

L’augmentation constante du nombre de pages est du reste voulue dès le départ par Vallette et ne<br />

sera que réaffirmée avec plus de force dès l’apparition de la « Revue du mois » en 1896 : « [o]n<br />

constate une augmentation rapide du nombre des pages publiées. Dès 1891, [Le Mercure de France]<br />

passe à 68 pages, à 130 en 1895 1 ».<br />

Afin d’affirmer encore davantage les liens qui existent entre Faustroll et Le Mercure de France (et<br />

qui auraient fait du roman une fois publié sous cette enseigne – ce que souhaitait fortement Jarry<br />

– l’affirmation redoublée de cette identité commune), Jarry, au sein de son ouvrage, donnera à<br />

1 LEROY BERTRAND-SABIANI, p. 13.<br />

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