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ordonné sous l’apparence de lamentations et d’invectives tumultueuses 1 », qualifiant son écriture<br />

de « prose lyrique 2 ».<br />

La formulation jarryque « philosophie lyrique » naît de la lecture de la préface de Lazare le<br />

Ressuscité, principalement des passages suivants (nous soulignons) : « Au fond toute ma pensée, que<br />

dis-je ! toute mon œuvre intellectuelle se réduit à ce simple énoncé : la foi et l’idée, la vérité et l’erreur<br />

ne sont que des motifs d’action 3 » ; « Mon héros qui est un passionné de l’âme traverse la vie en<br />

solitaire et aboutit à une série de négations à force de chercher leur logique entière. Il vit dans les<br />

justes erreurs : vie mystique, révolte, combat, générosité, cruauté, amour. Guidé par la passion de<br />

l’amitié il aboutit enfin à la conception simple que la souffrance n’est ni un bien, ni un mal, qu’elle<br />

est juste dans l’homme et qu’il faut savoir la subir sans exaspérer ni diminuer la personnalité. 4 »<br />

Cette formulation fait également écho au propos de Quillard expliquant que Golberg montre<br />

« l’odyssée de l’homme souffrant et seul qui accepte sans humilité la souffrance et la solitude, non<br />

par résignation, mais parce qu’elles sont conformes au destin. 5 »<br />

Il est plus que probable que Jarry ait achevé l’écriture de son compte rendu avant que ne<br />

paraisse le numéro du Mercure de France contenant l’intervention de Quillard, quand bien même<br />

l’auteur de La Chandelle verte était réputé pour ses très nombreux retards concernant l’envoi de sa<br />

copie à la rédaction, ce qui le conduit parfois à devoir la faire parvenir directement à l’imprimeur 6<br />

(se proposant de venir corriger les épreuves sur place, ou même ne demandant pas d’épreuves), et<br />

ce, on peut l’imaginer, quelques jours seulement avant que le numéro de la revue ne paraisse 7 .<br />

Mais Jarry était suffisamment familier avec l’équipe éditoriale du Mercure de France pour qu’il<br />

ne soit pas absurde de dire qu’il a pu lire les épreuves de ce numéro du Mercure de France avant sa<br />

parution et de plus du fait de la proximité qui était la sienne avec Quillard (que nous allons<br />

succinctement évoquer) ne pouvait-il que s’enquérir fortement du travail de celui-ci.<br />

1<br />

Le Mercure de France, n° 142-144, tome 40, octobre-décembre 1901, p. 770.<br />

2<br />

Id., p. 771.<br />

3<br />

Mécislas Golberg, Lazare le Ressuscité, Plaintes en douze épisodes, édité par le comité Golberg, M.<br />

Albert Wolff Libraire-Éditeur, 1901, p. VII.<br />

4<br />

Id., p. V-VI.<br />

5<br />

Le Mercure de France, op. cit., p. 770.<br />

6<br />

Voir par exemple OC III, p. 551, 562, 564, 577, ou encore la lettre adressée à Félix Fénéon de<br />

début juin 1902 : « Re-excuses encore d’arriver si tard. Je voudrais bien que cela parût tout de<br />

même. Je ne demande pas d’épreuves […] » (OC III, p. 562).<br />

7<br />

Voir, à ce sujet, L’Étoile-Absinthe, n° 7-8, Rennes, Société des amis d’Alfred Jarry, décembre<br />

1980, p. 77.<br />

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