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apparaît de prime abord) à La Revue blanche mais au contraire de faire en sorte que prime sa<br />

singularité sur celle de l’auteur chroniqué, puisque c’est sa singularité de critique, s’exprimant à<br />

travers de savantes complications syntaxiques et lexicales le plus souvent qui se veulent témoin de<br />

la façon dont une idiosyncrasie a pu se transmuer en un discours, qui paraît d’abord, et qui ainsi,<br />

même si ce n’est que dans le temps éphémère de la lecture du compte rendu, supplante la<br />

singularité de l’auteur analysé – le regard du critique porté sur l’œuvre ne pouvant être par<br />

conséquent qu’attendu avec curiosité par l’auteur chroniqué, même s’il émane d’une personnalité<br />

que celui-ci connaît bien, puisqu’il ne portera en réalité en rien sur l’œuvre, comme le stipule la<br />

lettre de Jarry adressée à son ami Julia à la fin septembre 1894 ou en octobre de la même année :<br />

« Lu ce matin le manuscrit de ma bibliographie par M. de Gourmont. […] J’attendrai le vôtre<br />

avec grande curiosité – pour voir comment vous verrez ce livre […] 1 ».<br />

3. S’effacer entièrement derrière le propos de l’auteur chroniqué ?<br />

Au contraire, dans la plupart des comptes rendus de Jarry parus à La Revue blanche – où il ne<br />

s’agit pas de se servir de l’œuvre chroniquée comme d’un entraîneur, celle-ci faisant alors naître<br />

un discours spéculatif qui n’a rien à voir avec son propos si ce n’est le point précis en elle d’où il<br />

émane entièrement, Jarry donnant voix en lui peut-on penser déjà lors de la lecture du ou des<br />

passages ayant véritablement figure de tremplin, puis sur le papier, à des idées qui lui sont chères<br />

et qu’il veut défendre (comme c’est le cas notamment avec les bibliographies de Prêtres et moines<br />

non conformistes en amour de Dubois-Desaulle ou de La Natalité en France en 1900 de G. M.) –, il<br />

s’agit – apparemment – pour l’auteur de La Chandelle verte de s’efforcer de s’effacer entièrement<br />

derrière le propos de l’ouvrage, et ce scrupuleusement, faisant avec récurrence de ses comptes<br />

rendus le résultat d’un montage de divers fragments des œuvres chroniquées (comme c’est le cas<br />

notamment dans sa bibliographie de La Psychologie de l’amour de Gaston Danville), s’attachant à ce<br />

que les emprunts ne soient pas, le plus souvent, désignés par les marqueurs habituels, à savoir les<br />

guillemets (ou l’italique), ou utilisant (parfois) ces marqueurs pour déguiser sa propre parole<br />

d’auteur critique comme si elle émanait de l’auteur chroniqué.<br />

Mais Jarry s’efface-t-il réellement entièrement derrière le propos de l’ouvrage dont il rend<br />

compte, lorsqu’il fait œuvre de critique dans les pages de La Revue blanche ? Qu’en est-il<br />

exactement ? Autrement dit, la critique littéraire développée à L’Art littéraire et celle déployée à La<br />

Revue blanche sont-elles véritablement opposées, Jarry cherchant dans un premier temps à faire<br />

1 OC I, p. 1309.<br />

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