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comme l’est l’idiosyncrasie, à hauteur de cette unicité d’être, pourrait-on dire, (et par conséquent,<br />

pour Gourmont du moins, en partie indéchiffrable) et du fait des topoï concernant l’œuvre d’art<br />

selon lesquels être novateur demeure l’essentiel, celui qui parvient à faire œuvre pour la postérité<br />

n’étant en définitive que celui qui parvient à se distinguer de la multitude des auteurs, mais c’est<br />

également, peut-on penser, du fait de l’horreur de la banalité, de l’ordinaire, qui structure toute<br />

cette époque, et qui se manifeste jusque dans le point de vue critique.<br />

4. 3. 3. Paradoxale critique jarryque de l’originalité.<br />

Néanmoins, dans le même temps, et ce, une nouvelle fois, paradoxalement, Jarry opère une<br />

critique systématique de l’originalité, allant jusqu’à considérer dans sa chronique intitulée « Ce que<br />

c’est que les ténèbres » que « les clichés sont l’armure de l’absolu ».<br />

S’il écrit à propos de La Tragédie du nouveau Christ de Saint-Georges de Bouhélier : « Il y a une<br />

foule de choses belles dans ce livre, quoiqu’il y en ait assez peu de neuves 1 », il ajoute aussitôt :<br />

« [j]e ne crois pas que l’auteur se soit inquiété des nombreux sujets analogues traités tant en<br />

France qu’en Belgique, et il a eu raison. 2 » Ce « il a eu raison » final est très parlant.<br />

Du reste cette critique de la nouveauté (que Jarry développera à tous les niveaux, considérant<br />

qu’il n’est jamais de découverte mais uniquement des redécouvertes) n’appartient-elle pas en<br />

propre à Jarry.<br />

On la trouve ainsi avec constance dans Le Mercure de France, et ce dès ses prémisses.<br />

Le compte rendu de Liminaires de Paul Redonnel (P. Lacomblez) paru en 1891 annonce ainsi :<br />

« Il n’est pas banal. Qu’il prenne garde pourtant de courir trop l’originalité, qui est, selon<br />

Corbière : … Une drôlesse assez drôle de rue / Qui court encor sitôt qu’elle se sent courue. 3 »<br />

La bibliographie de La Fin des Bourgeois de Camille Lemonnier (Dentu) insérée l’année<br />

suivante énonce : « […] nombre de contemporains [...] ne sont divers que parce que, manquant<br />

[...] de tempérament, ils subissent toutes les influences. 4 »<br />

Charles Merki note au sujet de Pour le Beau, « essai de Kallistique » d’Alphonse Germain<br />

(Girard), l’année suivante : « il faut regretter simplement que M. Germain se soit contenté d’un<br />

livre original, intéressant mais point attachant, alors qu’il pouvait faire un beau livre 5 ».<br />

1 OC II, p. 614.<br />

2 Ibid.<br />

3 Le Mercure de France, n° 19-24, tome III, juillet-décembre 1891, p. 183-184.<br />

4 Le Mercure de France, n° 29-32, tome V, mai-août 1892, p. 354.<br />

5 Le Mercure de France, n° 41-44, tome VIII, mai-août 1893, p. 366.<br />

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