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IV. QUELLE CRITIQUE ADOPTE JARRY ?<br />

1. La critique impressionniste de Jarry.<br />

1. 1. L’impartialité, qualité du critique ?<br />

« Impartialité » est un terme qui revient souvent, dès qu’il s’agit de dresser un portrait du<br />

critique idéal, et ce jusque dans les propos des écrivains symbolistes proches de Jarry,<br />

contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord. Le « bon critique » selon Henri de<br />

Régnier « jug[e] » les « littératures passées et présentes » avec « impartialité 1 », ainsi qu’il l’écrit<br />

dans Le Mercure de France en 1894, parlant d’A.-Ferdinand Herold. Remy de Gourmont lui-même<br />

va jusqu’à affirmer dans Le Mercure de France en 1892 (curieusement étant donné l’intérêt profond<br />

qu’il porte à la critique impressionniste 2 ), en ce qui concerne Portraits d’Écrivains de René Doumic<br />

(Paul Delaplane) : « L’auteur, très consciencieux, doué de l’objectivité qui fait le vrai critique,<br />

analyse avec impartialité et perspicacité le caractère des écrivains et juge libéralement la valeur de<br />

leurs œuvres. Cela suffit à le faire estimer. 3 »<br />

Et si Le Mercure de France indique en 1892, évoquant élogieusement par ailleurs la « nouvelle<br />

série de La Revue blanche (trois numéros depuis le 15 octobre 1891) » : « on ne saurait reprocher à<br />

M. Lucien Muhlfeld, qui parle mensuellement de la littérature, qu’un peu trop d’impartialité mais<br />

peut-être n’est-ce qu’une rare et précieuse aptitude à comprendre 4 », le critique de La Revue blanche,<br />

réagissant semble-t-il dans La Revue blanche l’année suivante à ce propos le concernant, au sein de<br />

sa « chronique de la littérature », ne récusera nullement ce terme : « il m’est intellectuellement<br />

impossible de formuler des préférences fondées sur des départs d’école, et […] on serait en droit<br />

de me reprocher plutôt une impartialité un peu systématique, que des protections particulières. 5 »<br />

Et d’ajouter : « J’ai toujours séparé – sans peine : je n’aurais pu agir d’autre sorte – mes<br />

sympathies personnelles et mes jugements littéraires. 6 »<br />

Jarry, quant à lui, qui se placera résolument à l’opposé de cette dernière considération de<br />

Muhlfeld, développant souvent des critiques que d’aucuns pourraient nommer d’amitié, ne fait<br />

pas que considérer que l’impartialité est impossible puisqu’il écrit dans son compte rendu de la<br />

1 Le Mercure de France, n° 49-52, tome X, janvier-avril 1894, p. 230.<br />

2 Sur l’impressionnisme critique « caractérisé » de Gourmont (« [l]e fait est qu’on trouve chez<br />

Gourmont tous les principes de France et de Lemaître, ainsi que toutes leurs dérogations à ces<br />

principes » – R.-J. Berg, La Querelle des critiques en France à la fin du XIX° siècle, Peter Lang,<br />

collection American University Studies, Series II, Romance Languages and Literature, volume<br />

151, 1990, p. 131), voir NORDMANN, p. 169 et R.-J. Berg, op. cit., p. 129, 131.<br />

3 Le Mercure de France, n° 29-32, tome V, mai-août 1892, p. 360.<br />

4 Le Mercure de France, n° 25-28, tome IV, janvier-avril 1892, p. 181-182.<br />

5 La Revue blanche, tome 5, 2° semestre 1893, p. 253.<br />

6 Lucien Muhlfeld, « Vie littéraire », La Revue blanche, tome 8, 1 er semestre 1895, p. 436.<br />

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