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qui s’appelle l’Erèbe (Erèbus stryx) et tu en ressentiras encore une joie artistique. […] Nouveaux<br />

faits et gestes de tes chouettes ? 1 »<br />

Il devient ainsi somme toute très logique que cet intérêt pour le règne animal, étant donné les<br />

différentes formes qu’il prend, se transmue non pas seulement en œuvre critique, comme nous<br />

l’avons précisé, mais également en œuvre littéraire. Mais que retient Jarry de la présence animale ?<br />

Quels traits de celle-ci principalement son œuvre fait-elle apparaître ?<br />

— Fascination mêlée d’effroi face aux animaux : l’exemple du monère.<br />

Il apparaît que l’auteur du Surmâle éprouve une véritable fascination mêlée d’effroi pour le<br />

règne animal, qu’il cherche à faire ressentir en choisissant particulièrement, avec une constance<br />

frappante, une présence entre toutes : le monère, cet « animal » lui permettant précisément de<br />

cristalliser la vision qu’il porte sur ce règne. Mais comment l’attention de Jarry s’est-elle portée sur<br />

cet organisme, relativement peu connu ?<br />

Schwob, dans Le roi au masque d’or, qualifie le monère de « vénérabl[e] 2 », le considérant<br />

comme un animal éminemment individuel : « Lorsqu’une [sic] monère est lassée de la colonie, il<br />

lui suffit de couper les filaments qui la réunissaient à son peuple. Les autres individus ne la<br />

poursuivent et ne la punissent jamais. Elle va flotter vers des eaux nouvelles 3 »<br />

Cette caractéristique ainsi bien évidemment que le grand intérêt de Jarry pour Schwob ont dû<br />

logiquement permettre à l’auteur des Minutes d’être appelé par la présence du monère. Il apparaît<br />

ainsi probable que l’intérêt de Jarry ait pu naître tout entier de sa lecture du Roi au masque d’or, cet<br />

ouvrage paraissant chez Ollendorff en 1893, les premiers textes de Jarry où est restituée la<br />

présence du monère paraissant quant à eux en 1894 : Les Minutes bien évidemment, mais aussi les<br />

« Minutes d’art [III] » qui sont insérées dans le numéro de mai-juin 1894 de L’Art littéraire.<br />

Dans ces « Minutes d’art », Jarry évoque le monère en le rattachant d’emblée au règne animal<br />

en le comparant au « scarabé[e] » (afin qu’il n’y ait pas d’ambiguïté possible sur ce qu’est cet<br />

organisme à ses yeux – préalable indispensable, en somme, qui a valeur de mise au point), ainsi<br />

qu’aux efforts par quoi la picturalité paraît à notre vue chez Odilon Redon : « pastels scarabées,<br />

monères de velours lithographique 4 ».<br />

1<br />

L’Étoile-Absinthe, 43°, 44° et 45° tournées, Castelnau de Montmiral, Société des amis d’Alfred<br />

Jarry, 1989, p. 22.<br />

2<br />

Marcel Schwob, Œuvres, texte établi et présenté par Sylvain Goudemare, Phébus, collection<br />

Libretto, 2002, p. 241.<br />

3 Ibid.<br />

4 OC I, p. 1022.<br />

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