30.06.2013 Views

thèse

thèse

thèse

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

ce motif que j’ai cru devoir limiter à un minimum raizonable, le nombre des simplificacions du<br />

Réformiste et que je crois ne devoir rien chanjer dans l’ortografe de celui-ci, tant que les dites<br />

simplifications ne seront pas généralement adoptées. 1 »<br />

Jarry rejoint ici en tout point dans son compte rendu l’avis d’Arsène Beauvais (et jusqu’à sa<br />

méthodologie, celui-ci citant également certains propos de Barés afin de s’en moquer, d’en<br />

montrer tout le ridicule et l’inutile complexité aux lecteurs, laquelle semble naître tout entière<br />

d’une complexification farfelue de la langue originelle) qui dans La Place des Mots, Les Erreurs de<br />

l’Académie (ouvrage que Jarry évoquera dans sa chronique « La place des mots » parue dans La<br />

Revue blanche du 15 avril 1901 mais qu’il a ainsi pu lire dès sa parution en 1900) écrit en appendice,<br />

au sujet de « la Réforme de l’Orthographe » : « Je ne veux pas m’arrêter à un essai de<br />

simplification (!!!) présenté dans une « GRAMAIRE » spéciale par M. Jean S. Barès, du<br />

REFORMISTE. La « gracieuse sinplicité de son ortografe » n’est pas de celles qui s’imposeront à<br />

l’intelijence (vous avez bien lu : intélijence) du public. Quand on préconise une sinplificacion, il<br />

serait lokique de ne pas la compliquer en y ajoutant des chozes arbitraires et incompréhensibles.<br />

Je crois que le plus heureus rézultat qu’elle produira sera d’être rapidement abandonnée par les<br />

rares amateurs qui auront essayé de la mettre en pratique. 2 »<br />

Jarry adopta néanmoins parfois l’orthographe propre au Réformiste pour son usage<br />

personnel, peut-être par jeu ou dérision, puisque l’on a connaissance d’un envoi de l’auteur de<br />

Messaline à Henri de Régnier au cours duquel celui-ci reçoit « l’omaje du Père Ubu 3 ». L’on est sûr<br />

que Jarry a emprunté cette formulation à Barés car des ouvrages de ce dernier envoyés en service<br />

de presse portent le tampon « omaje » (suivant la formulation « omaje de Barés »).<br />

Remarquons que Jarry était sensible à la question de la modification de l’orthographe (ce qui<br />

amène la « conscience » à interroger ainsi le Père Ubu dans l’Almanach illustré du Père Ubu de 1901 :<br />

« [...] vous devez être séduit par la réforme de l’orthographe ? 4 »), mais dans un sens esthétique<br />

(ayant trait, peut-on penser, tout aussi bien au ludique et au curieux) et jamais fonctionnel, lequel<br />

sens fonctionnel était toujours recherché par les réformistes du fait d’une visée démocratique<br />

profonde (et l’on connaît le mépris de Jarry pour la démocratie) sous-tendant chaque intention de<br />

réforme, ainsi que nous l’avons analysé (voir la note 2) : « Les bougres qui veulent changer<br />

l’orthographe ne savent pas et moi je sais. Ils bousculent toute la structure des mots et sous<br />

1<br />

Jean S. Barés, L’Ortografe Simplifiée et autres réformes nécessaires, Aus bureaus du Réformiste, 1898, p.<br />

2.<br />

2<br />

Arsène Beauvais, La Place des Mots, Les Erreurs de l’Académie, Bordeaux, G. Gounouilhou, 1900, p.<br />

496.<br />

3<br />

Noël Arnaud, Alfred Jarry : d’Ubu roi au docteur Faustroll, La Table Ronde, 1974, p. 430. Voir aussi<br />

Patrick Besnier, Alfred Jarry, Plon, 1990, p. 150.<br />

4<br />

OC I, p. 586.<br />

518

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!