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été traité à fond 1 », confesse ainsi Zanoni lors de son compte rendu de « Vincenzo Bellini, par<br />

Antonino Amore. II. Vita, Studi e Ricerche (Catane, N. Giannotta, éditeur) ».<br />

En règle générale, la valeur du texte dont il est question est signifiée par la longueur du<br />

compte rendu, mais ce n’est pas toujours le cas, car celui-ci peut se révéler assassin et multiplier<br />

les détails qui visent à montrer les faiblesses du propos de l’auteur. Mais la plupart du temps, il<br />

apparaît, après un défrichage systématique des revues auxquelles Jarry a participé et qu’il a pu lire,<br />

que c’est le cas. Un livre qui n’a que peu d’intérêt sera sanctionné par le silence, autrement dit par<br />

une absence de compte rendu, ou par un quasi silence, au moyen (parfois) d’une seule phrase<br />

laconique et ironique, montrant que si le commentateur parle du livre, néanmoins, il n’a rien à en<br />

dire, car rien ne peut en être dit. « Les sonnets de M. de Bercenay sont corrects : on n’en pourrait<br />

guère dire autre chose 2 », note ainsi A.-Ferdinand Herold dans Le Mercure de France à propos des<br />

Sonnets d’Augustin de Bercenay (Troyes, imprimerie du Propagateur). Les livres pareillement<br />

chroniqués n’ayant prétendument aucune valeur, rien ne peut, par conséquent, en être extrait.<br />

4. 4. 5. Brièveté se confondant avec un aveu d’impuissance.<br />

Si un livre de (prétendument) grand intérêt fait naître davantage de mots au sein d’un compte<br />

rendu, c’est parce qu’ayant plus de substance, il peut faire en sorte que le commentateur déploie<br />

justement son commentaire, le commentaire n’ayant de valeur propre qu’en tant que réflexion<br />

consubstantiellement à même de pouvoir donner à percevoir cette substance, du moins en partie.<br />

En conséquence, les livres de (prétendument) grand intérêt sont toujours en mesure de<br />

pouvoir frustrer le critique qui ne peut, de facto, en rendre compte ainsi qu’il le voudrait, ayant<br />

sous la main trop de matière qu’il voudrait extraire du propos de l’œuvre pour en nourrir son<br />

commentaire bienveillant et idéalement porteur de la singularité de l’ouvrage, qu’il voudrait<br />

transformer entièrement (fût-ce dans un espace extrêmement restreint) en présence, cette<br />

singularité étant sinon tue par la complexité et (parfois également) la longueur de l’ouvrage<br />

chroniqué, du moins rendue parfois inapparente par sa spécialisation, pour ce qui est des<br />

ouvrages scientifiques, et par par son originalité, pour ce qui est des œuvres littéraires.<br />

Le commentateur se plaint amèrement de ne pouvoir agir ainsi et regrette de ne pouvoir<br />

écrire, en somme, qu’un vulgaire compte rendu, celui-ci s’affirmant comme portant le deuil d’un<br />

compte rendu idéal qui prétendument ne pourrait exister qu’en transformant la brièveté qui le<br />

constitue intrinsèquement en longueur souhaitée, espérant bientôt pouvoir rédiger une étude sur<br />

1 Le Mercure de France, n° 49-52, tome X, janvier-avril 1894, p. 368.<br />

2 Le Mercure de France, n° 37-40, tome VII, janvier-avril 1893, p. 380.<br />

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