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d’argumentation et de dramatisation 1 »), c’est parce que Jarry renvoie ici en réalité à sa spéculation<br />

publiée dans La Revue blanche un mois et demi auparavant, soit le 1 er novembre, intitulée « Le<br />

chant du cygne ».<br />

Cette chronique aura du reste une importance particulière pour Jarry puisqu’il voudra<br />

l’inclure de toute évidence dans les Siloques, superloques, soliloques et interloques de pataphysique, à la<br />

vingt-deuxième et dernière place.<br />

Ainsi, si « [u]nité linguistique à valeur énonciative », « les guillemets […] indiquent toujours<br />

pour son utilisateur une mise à distance du signe utilisé 2 », il apparaît ici qu’ils manifestent, tel que<br />

Jarry les utilise en renversant leur usage ordinaire, l’appartenance d’un énoncé extérieur à l’œuvre<br />

personnelle, fût-elle complète, celui-ci étant justement reconnu comme part de l’œuvre complète,<br />

Jarry pratiquant du reste avec constance l’autocitation.<br />

Les guillemets ne marquent ainsi paradoxalement ici ni « l’hétérogénéité de style » ni celle<br />

« de points de vue 3 », mais désignent la pleine appartenance d’un apparemment extérieur énoncé à<br />

l’identité d’un texte.<br />

L’utilisation des guillemets se confond ici avec un souci de manifester visuellement cette<br />

appartenance, avec semble-t-il une volonté de chercher à renseigner le lecteur sur celle-ci en le<br />

poussant à accorder de l’intérêt au syntagme ainsi mis en avant, en relief, par le biais de l’usage<br />

des guillemets. Jarry affirme ainsi, de par l’emploi des guillemets, que ceux-ci, « [p]our paraître<br />

accessoires, […] n’en sont pas moins nécessaires à la construction du sens ».<br />

S’ils sont « [o]rdinairement employés pour indiquer une citation », ils ne se limitent de ce fait<br />

pas à cet usage mais « ont ceci de particulier qu’ils bloquent l’interprétation littérale de l’élément<br />

qu’ils entourent. Signalant que l’élément guillemeté « ne va pas de soi », ils ne fournissent<br />

cependant pas d’autre instruction que cette rupture. 4 »<br />

La nouveauté qu’instaure Jarry tient au fait qu’il proclame que cette « rupture » est en réalité<br />

le signe d’une intégration complète au tissu même du texte, en somme qu’il n’y a pas d’autre<br />

altérité, en ce qui concerne le signe linguistique, qu’une forme d’identité dissimulée du Même.<br />

Mais il faut toutefois nuancer cette remarque en considérant que ce renvoi de Jarry à sa<br />

chronique sur « Le chant du cygne », fût-elle parue peu de temps auparavant et dans les pages de<br />

la revue qui accueille ce compte rendu, est si implicite qu’il est incompréhensible pour qui ne<br />

1 Id., p. 62.<br />

2 Id., p. 102.<br />

3 Id., p. 62.<br />

4 Fanny Rinck et Agnès Tutin, « Annoter la polyphonie dans les textes : le cas des passages entre<br />

guillemets », Corpus [En ligne], 6 décembre 2007, mis en ligne le 02 juillet 2008, consulté le 08<br />

janvier 2009. URL : http://corpus.revues.org/index1102.html.<br />

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