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La façon dont la version de Mardrus a fini par supplanter tout à fait celle de Galland,<br />

primitivement aimée de Jarry (comme en témoigne avec force la liste des livres pairs), se lit de<br />

façon extrêmement frappante dans la chronique intitulée « L’erreur judiciaire » parue dans Le<br />

Canard sauvage du 20-26 septembre 1903 : Jarry fait alors référence à l’ « Histoire d’Ali Cogia,<br />

marchand de Bagdad », évoquant uniquement Mardrus, alors que ce conte se trouve seulement<br />

dans la traduction de Galland 1 , ainsi que l’a montré Henri Bordillon.<br />

25. Allusion à la présentation anonyme insérée dans le premier volume : « Même comme<br />

adaptation, [la traduction de Galland] est incomplète, car elle comprend à peine le quart des<br />

contes : les contes qui forment les trois autres quarts, et non les moins intéressants, sont inconnus en France 2 ».<br />

26. Jarry synthétise par ces deux seuls termes la description qui se trouve chez Mardrus dans<br />

« Histoire du dormeur éveillé » : « […] le cheikh al-balad est un homme si laid et si plein d’horreur<br />

qu’il a dû naître, sans aucun doute, de la copulation d’une hyène avec un cochon. Son approche<br />

est pestilentielle, car sa bouche n’est point une bouche ordinaire, mais un cul malpropre<br />

comparable à une bouche de latrine ; ses yeux, couleur de poisson, dévient des deux côtés et<br />

risquent de tomber à ses pieds ; ses lèvres tuméfiées ont l’air d’une plaie de mauvaise nature, et<br />

lancent, quand il parle, des jets de salive ; ses oreilles sont des oreilles de porc ; ses joues flasques<br />

et fardées ressemblent au derrière d’un vieux singe ; ses mâchoires sont édentées à force d’avoir<br />

mâché les ordures ; son corps est atteint de toutes les maladies ; quant à son fondement il n’existe<br />

plus ; à force d’avoir servi de fosse aux outils des âniers, des vidangeurs et des balayeurs, il est<br />

tombé en pourriture et se trouve maintenant remplacé par les tampons de laine qui empêchent<br />

ses tripes de tomber. 3 »<br />

27. Voir « Histoire du dormeur éveillé », Les mille et une nuits, contes arabes, « traduits en français<br />

par M. Galland, continués par M. Caussin de Perceval », tome cinquième, Chez le Normant<br />

imprimeur-libraire, 1806, p. 174-376 4 .<br />

La description se trouve chez Mardrus dans « Histoire du dormeur éveillé », BL II, p. 206.<br />

28. Il est nécessaire de comparer la traduction de Mardrus avec celle de Galland sur ce point,<br />

afin de rendre compréhensible la remarque de Jarry.<br />

1 Voir Les mille et une nuits, traduction d’Antoine Galland, introduction par Jean Gaulmier, tome<br />

III, Garnier-Flammarion, 1965, p. 277-289, et plus spécifiquement, en ce qui concerne le passage<br />

auquel Jarry fait allusion, Id., p. 289.<br />

2 BL I, p. VI.<br />

3 « Histoire du dormeur éveillé », BL II, p. 206.<br />

4 Voir notamment Les mille et une nuits, contes arabes, traduits en français par Galland, continués par<br />

Caussin de Perceval, tome cinquième, Chez Le Normant, 1806, p. 222 : « […] il y a dans cette rue<br />

une mosquée où vous trouverez l’iman […] ».<br />

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