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L’auteur de La Chandelle verte semble chercher à montrer que toute citation est, même<br />

dépourvue de commentaire, dans le cadre d’un compte rendu, une exégèse, dans le sens où elle<br />

présuppose un choix précis – fondateur d’un propos ou découlant de celui-ci – concernant sa<br />

découpe qui dénote une intentionnalité critique : autrement dit, une citation n’est jamais neutre<br />

mais s’affirme (déjà) comme son propre commentaire, du fait de l’ensemble des choix qui<br />

conduisent à son existence dans le cours d’un compte rendu.<br />

— L’insoupçonnable de l’ironie transmue la clarté en obscurité.<br />

Comme le remarque Patrick Besnier à propos de la clarté stylistique du Surmâle : que ce roman<br />

soit, comme a pu l’écrire Rachilde, « le plus accessible au grand public 1 » n’est « à la limite qu’un<br />

problème supplémentaire posé par Le Surmâle 2 ». Le même problème se pose singulièrement avec<br />

ce compte rendu.<br />

L’ironie de Jarry est, ainsi que nous l’avons analysée, au sein de ce compte rendu, d’autant<br />

plus intéressante qu’elle est invisible pour quiconque n’aurait pas connaissance (complète) de<br />

l’ouvrage, et la démarche de Jarry est d’autant plus insoupçonnable qu’il cite sans imprécision,<br />

ainsi que cela a été précisé, la fin de l’introduction de l’ouvrage de Dubois-Desaulle, comme s’y se<br />

trouvait là concentré le propos de l’auteur (ainsi que c’est, il est vrai, souvent l’usage dans les<br />

publications à visée scientifique de l’époque), alors que cette phrase de Dubois-Desaulle,<br />

curieusement en totale opposition avec le reste de son propos, ainsi que nous l’avons vu, se<br />

déploie (c’est là toute sa raison d’être) avec la faconde d’un procédé rhétorique qui vise à conférer<br />

de la légitimité à l’ouvrage entier, le présentant d’une part comme doué d’objectivité (et ainsi ne<br />

devant éveiller ni la réserve ni les critiques, se voulant simple étalage de faits – ce qu’il n’est<br />

absolument pas) et d’autre part comme méritant d’être placé dans la lignée des nombreux<br />

opuscules scientifiques qui fleurissent alors (en l’occurrence, étant donné le sujet de Dubois-<br />

Desaulle, en ce qui concerne la psychopathologie ; voir aussi la note 27) – se voyant rattaché ainsi<br />

à un préjugé de pertinence (et de sagacité intellectuelle) le concernant.<br />

Ainsi, le lecteur ne peut que passer à côté de l’intention jarryque, ne percevant pas, de fait,<br />

l’ironie qui le constitue en propre et qui transforme le texte spéculatif qui est l’essentiel du propos<br />

faussement critique de Jarry en réaction exprimée, violente, virulente (mais d’une violence qui<br />

s’exprime dans un calme parfait, ce qui la rend ainsi d’autant plus problématique qu’elle n’est pas,<br />

ainsi que nous l’avons évoqué, devinable), face à l’ouvrage, Jarry exprimant en opposition à un<br />

1 Rachilde, Alfred Jarry ou le Surmâle de lettres, Grasset, 1928, p. 213.<br />

2 OC II, p. 769.<br />

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