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destinée. La symétrie est la souvenance (aussitôt traduite en acte) par les éléments de l’univers de<br />

leur exacte place, ce qui fait que chaque chose entre en dynamique interne avec les autres,<br />

justifiant ainsi l’entièreté de la création de l’univers. Le temps étant pour Jarry quatrième<br />

dimension de l’espace, l’on peut, l’on doit également entrer en symétrie avec ses différentes<br />

composantes : « des vaisseaux y passèrent à l’envers, symétriques à d’invisibles futurs 1 » (Faustroll).<br />

Ces thêmata, – auxquelles Jarry donne singulièrement corps tout au long de son œuvre –,<br />

toujours présentes à l’esprit, sans qu’il soit besoin de revenir sur la légitimité de leur existence, ont<br />

de tout temps validé ou au contraire invalidé toute découverte de type scientifique. Gerald<br />

Holton constate que l’exceptionnelle attention qui fut portée au célèbre article d’Einstein sur la<br />

relativité ne fut pas due à Lorentz ou à Michelson, commentateurs éclairés, mais à l’asymétrie<br />

esthétiquement troublante des équations de Maxwell. En effet, l’alternative proposée par Einstein<br />

comportait une cohérence interne et une symétrie qui faisaient défaut à l’exposé de Maxwell. Or,<br />

ce qui parle avant tout en la faveur d’Einstein, c’est la cohérence interne qui rend possible la pose<br />

d’une fondation dépourvue de contradictions internes et qui s’applique à la totalité des<br />

manifestations physiques… Totalité, absence de contradictions internes, tels sont les maîtres<br />

mots pour la création de tout système, explique Wilhelm Wien 2 .<br />

Les Systèmes incréés par Jarry et par Valéry (la méthode existe, on en perçoit les traces : façon<br />

qu’a Jarry de ramener la philosophie et la théologie au connu notamment) sont pareillement<br />

dénués de toute contradiction interne, satisfont notre exigence de symétrie, de cohérence.<br />

Une des thêmata acceptée d’emblée par Valéry est l’idée comme quoi le fonctionnement de<br />

l’esprit est suffisamment un et indivisible pour que les composantes de son organisation (qui<br />

s’articulent les unes avec les autres) obéissent à une certaine logique (aussi bien interne<br />

qu’externe), laquelle se déploie en schémas précis déchiffrables, reconnaissables précisément par<br />

les sciences (la mise au point faite par Valéry au moyen de la thermodynamique notamment<br />

débarrasse la littérature, devenue déploiement logique concentré vers un but – car les Cahiers sont<br />

avant toute chose littéraire –, du moins prétendument, de toutes les impuretés véhiculées par le<br />

sens commun).<br />

Dans nos consciences, il faut que la nouveauté s’inscrive comme surplus à une construction,<br />

ce qui veut dire qu’elle ne peut pas entrer en contradiction avec ses bases (en effet, toute<br />

nouveauté est prolongement et non pas idée neuve dans un système qui serait vierge de toute<br />

trace, absolu, lequel système apparaîtrait, parce que vierge, comme contenu dans cette nouveauté<br />

1 Id., p. 503.<br />

2 Cité par Gerald James Holton, L’Invention scientifique, thémata et interprétation, traduit de l’anglais<br />

par Paul Scheurer, Presses universitaires de France, 1982, p. 302.<br />

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