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d’autre part de tisser incessamment une filiation avec Le Mercure de France (également par des<br />

renvois et allusions incessants à cette maison d’édition), et ce au sein même de La Revue blanche, –<br />

puisque les moments par lesquels l’obscurité de Jarry se dégage avec le plus de force, au travers<br />

des Minutes et de César-Antechrist, sont rattachés inéluctablement à la présence du Mercure de France,<br />

alors très ouvert au symbolisme, notamment grâce à la présence tutélaire (en ce qui concerne<br />

Jarry, mais également un certain nombre de jeunes auteurs) de Remy de Gourmont.<br />

L’on pourrait nuancer cette affirmation en remarquant que Jarry dès sa participation à L’Art<br />

littéraire fonde une écriture chevillée à l’obscurité au point que celle-ci s’affirme, trace d’une<br />

exceptionnalité de l’idiosyncrasie suivant le précepte gourmontien autant que terreau inépuisable<br />

pour le lecteur quant au déchiffrement du sens, dans les textes qu’il livre à L’Art littéraire, avec la<br />

grande liberté que lui offre sa participation financière (relativement abondante) au bon<br />

fonctionnement de la revue, déjà suivant une très grande force, mais ce serait oublier que publier<br />

dans L’Art littéraire, c’est pour Jarry, déjà, se tourner entièrement vers Le Mercure de France.<br />

Ces caractéristiques concernant les comptes rendus de pièces (principalement en ce qui<br />

concerne les représentations – mais également, parfois, en ce qui concerne les drames publiés 1 )<br />

nous amènent non pas à écarter de notre corpus tout ce pan de son travail car il en sera fait<br />

mention à plusieurs reprises, mais à ne pas offrir spécifiquement d’édition critique et commentée<br />

de ces textes critiques en lien avec la représentation théâtrale. L’on ne peut ainsi que renvoyer le<br />

lecteur à notre édition future chez Garnier.<br />

1. 2. La critique théâtrale : un travail essentiellement alimentaire ?<br />

1 L’importance de cette dernière constatation devant être minimisée étant donné le fait qu’un petit<br />

nombre d’autres comptes rendus concernant d’autres ouvrages qui ne sont pas en lien avec le<br />

théâtre est également écarté, du fait du principe de non exhaustivité qui conduit ce travail,<br />

principe qui amène en toute logique à un choix lequel s’articule sur la pertinence des textes quant<br />

à notre raisonnement, à savoir notre volonté de faire affleurer, ainsi que nous l’avons déjà<br />

souligné, d’une part la façon dont se fait jour l’esthétique du raccourci au sein de ces textes<br />

apparemment alimentaires (ce qui permet de montrer qu’il ne peut y avoir de distinguo entre<br />

l’œuvre, romanesque ou poétique, de Jarry d’une part et d’autre part son œuvre journalistique<br />

apparemment la moins investie) mais aussi, avec une grande force, le détournement de l’usage<br />

habituel de la citation, qui porte en creux une critique corrosive du statut de critique, Jarry<br />

devenant un critique qui ne s’exprime le plus souvent que suivant l’absence totale de propos<br />

critique (un critique dont la présence se confond avec l’absence, ou plus exactement s’exprime au<br />

moyen de l’absence, paradoxale, car non comprise comme telle, sauf exégèse poussée) – puisque<br />

lorsqu’il s’agit d’énoncer des jugements, c’est en fait pour continuer de tisser une filiation avec<br />

une communauté d’auteurs desquels il se sent proche et ainsi, principalement, avec le lieu du<br />

Mercure de France.<br />

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