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Aussi l’important n’est-il pas véritablement pour Jarry de comprendre un discours érudit<br />

(d’en saisir le sens et la portée, et ensuite, par le biais du compte rendu, de déployer de façon<br />

resserrée une parole qui puisse être possiblement tout à la fois critique et didactique) mais de s’y<br />

confronter, simplement s’y confronter (c’est-à-dire se confronter à son obscurité, ontologique<br />

selon l’auteur de Messaline, qui protège la science de la vulgarisation avec laquelle elle se confond<br />

bien souvent, à cette époque) afin qu’il puisse servir de rampe de lancement à son imaginaire.<br />

En cela, sa volonté de rendre compte de deux communications de Pierre Apéry se révèle être<br />

un artifice pour donner unité à son compte rendu brassant des disciplines très différentes (unité<br />

qu’il affiche avec ostentation dans la mention du titre).<br />

Bien évidemment, une autre hypo<strong>thèse</strong> demeure néanmoins plausible : Jarry a pu suivre avec<br />

attention le travail de Pierre Apéry (en effet, l’ensemble de son compte rendu tend à montrer qu’il<br />

connaissait très vraisemblablement d’autres travaux de lui), soit parce qu’il le connaissait (les<br />

documents manquent qui nous permettraient de l’affirmer : Apéry aurait ainsi pu lui<br />

communiquer lui-même les deux volumes suite à la promesse d’un compte rendu, puisqu’il est<br />

spécifié sur chaque volume que « [c]haque congressiste reçoit gratuitement le volume de la<br />

section à laquelle il a été inscrit »), soit parce que ses travaux l’intéressaient ou l’intriguaient.<br />

Il adopterait en cela l’attitude de Remy de Gourmont (cherchant ainsi possiblement à<br />

affirmer davantage ses liens avec lui et ainsi avec Le Mercure de France, par-devers l’absence) qui<br />

suivait très fidèlement les publications du scientifique Charles Henry, comme nous l’avons vu.<br />

3. Une autre communication de Pierre Apéry portant spécifiquement sur ce sujet s’intitule : « De<br />

l’emploi de l’anhydride carbonique CO2 pour la destruction des rats dans les cales des bateaux et<br />

dans les caves, et de son action conservatrice sur les cadavres en général. 1 »<br />

Comme le résume Léonce Barthe dans Toxicologie chimique (1918) : « M. Apéry a proposé<br />

l’emploi de CO2 pour détruire dans les cales des navires les rats qui propagent la peste (1900) ;<br />

les rats sont paralysés et asphyxiés au bout de 7 à 8 minutes de même que les puces. 2 »<br />

4. Les publications des brochures de médecins étaient souvent moquées à cette époque par le<br />

milieu littéraire. Voir notamment Tristan Bernard, « Hygiène et chirurgie 3 », dans Sous toutes réserves<br />

(P. Ollendorff, 1898).<br />

Ces deux paragraphes qui constituent toute la première partie du compte rendu de Jarry font<br />

référence à une communication de Pierre Apéry contenue dans le 17 ème volume des « Comptes<br />

1 X° Congrès international d’hygiène et de démographie à Paris en 1900, « compte rendu publié par le<br />

secrétariat général du congrès », Masson et Cie, 1901, p. 866.<br />

2 Léonce Barthe, Toxicologie chimique, Vigot frères, 1918, p. 155.<br />

3 Tristan Bernard, Un jeune homme rangé, Romans, Chroniques, Théâtre, préface de José Artur, repères<br />

biographiques établis par Bertrand Lebert, Le Grand livre du mois, 1994, p. 546-548.<br />

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