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2. 8. 2. « Le recensement ».<br />

2. 8. 2. 1. Un modèle de raccourci.<br />

Si elle est présente dès le premier livre de Jarry, cette volonté de donner à résonner des<br />

« complexe[s] resserré[s] et synthétisé[s] 1 », en lien avec le savoir, quelle que soit la discipline en<br />

laquelle il s’enracine, est surtout éminemment perceptible – comme l’ensemble de notre édition<br />

critique et commentée cherche à le montrer – dans ses comptes rendus insérés dans La Revue<br />

blanche, au travers du recours constant à une érudition évasive, ainsi que, bien évidemment, dans<br />

ses chroniques parues (notamment) dans la revue des frères Natanson.<br />

Un texte journalistique est particulièrement révélateur de l’effort constant qui continue d’être<br />

effectué, lors de la seconde période créatrice de Jarry, vers la syn<strong>thèse</strong>. Il s’agit de la chronique<br />

intitulée « Le recensement » parue dans La Revue blanche le 1 er avril 1901, qui se résume à ces<br />

quelques mots : « Avez-vous entendu le tocsin ? Quelque chose comme la Saint-Barthélemy a dû<br />

se passer dans la nuit du 23 au 24 mars. »<br />

Jarry rapproche deux faits : le recensement quinquennal « de la population de la France et<br />

des immeubles construits sur son sol 2 » qui s’effectue le dimanche 24 mars et la vague d’incidents<br />

qui se sont produits dans les rues de Marseille suite à la grève des ouvriers du port.<br />

S’il est plus plausible qu’il évoque ce fait particulièrement parmi tous ceux qu’évoque<br />

l’édition Pléiade comme sources possibles 3 , c’est parce que, de tous les faits divers relatés dans les<br />

grands quotidiens correspondant à ces deux journées, c’est le seul qui lui permette la mention des<br />

massacres de la Saint-Barthélemy, de par la façon suivant laquelle une vague de violence se<br />

perpétuant en s’amplifiant dans les rues est évoquée.<br />

Il modifie l’heure des faits afin qu’elle soit plus parfaitement conforme à cette évocation, les<br />

massacres de la Saint-Barthélemy ayant débuté alors qu’il faisait encore nuit : « L’aube se levait :<br />

mais les sombres rues du vieux Paris étaient encore plongées dans l’obscurité, et le massacre<br />

commença à la lueur sanglante des torches 4 », indique par exemple le GDU.<br />

Cette liaison entre les deux faits, l’un dérisoire et l’autre historique, est d’autant plus affirmée<br />

(afin de faire justement que tout fait dérisoire devienne potentiellement historique et ainsi de nier<br />

la valeur de l’Histoire, ce que Jarry s’attachera à faire de façon récurrente) que le massacre eut lieu<br />

également un 24 (mais le 24 août 1572) et un dimanche, tout comme le jour du recensement (ce<br />

sont peut-être ces réalités qui poussèrent Jarry à cette assimilation).<br />

1 OC I, p. 172.<br />

2 Le Figaro, dimanche 24 mars 1901.<br />

3 Voir OC II, p. 824.<br />

4 GDU, tome 2, p. 279.<br />

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