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32. Alain-René Lesage (1668-1747), romancier et auteur dramatique.<br />

Cet ouvrage, qui parut initialement de 1715 à 1735 est très probablement un souvenir de<br />

lecture de jeunesse de Jarry, puisqu’il eut une influence certaine sur Les Polonais, qui fut la version<br />

primitive, écrite à Rennes, d’Ubu Roi 1 .<br />

Jarry a ainsi pu lire Gil Blas de Santillane non pas dans l’édition parue chez A. Carbillet en<br />

1881, mais dans celle « revue et corrigée pour la jeunesse par M. Duboist » parue à Bar-le-Duc<br />

chez Contant-Laguerre en 1882 sous le titre : Histoire de Gil Blas de Santillane.<br />

Remarquons que ce roman affiche déjà, à travers l’édition non expurgée de Carbillet, sa<br />

vocation didactique : « Si tu lis mes aventures sans prendre garde aux instructions morales qu’elles<br />

renferment, tu ne retireras aucun fruit de cet ouvrage ; mais, si tu le lis avec attention, tu y<br />

trouveras suivant le précepte d’Horace, l’utile mêlé avec l’agréable. 2 »<br />

Le rapprochement effectué entre les deux ouvrages, s’il s’articule déjà, en creux, autour de<br />

l’évocation que fait Jarry dans son compte rendu – au sujet de Pablo de Ségovie – du « licencié<br />

Cabra » (le terme « licencié » est présent dans Pablo de Ségovie 3 ) puisque le Gil Blas de Santillane<br />

d’Alain-René Lesage débute par l’évocation de « l’âme du licencié Pierre Garcias 4 », naît surtout,<br />

peut-on penser, de la lecture probable du tome V (titré Les Guerres de Religion, 1559-1648) de<br />

l’Histoire générale du IV e siècle à nos jours 5 qui, dans le même passage, lie l’évocation de Don Quichotte,<br />

de Pablo de Ségovie (relaté sous l’appellation Aventurier Ruscon), et de Gil Blas.<br />

En outre, seulement deux mois plus tard au sein des pages de La Revue blanche (et il est de fait<br />

possible que Jarry et Arnauld aient échangé dans les locaux de La Revue blanche autour de cet<br />

ouvrage, quand bien même Jarry s’y déplaçait peu en définitive), Michel Arnauld compare<br />

également l’œuvre de Lesage et Pablo de Ségovie, considérant qu’entre l’Espagne de Quevedo et<br />

« l’Espagne de Lesage, il y a autant de distance qu’entre les Arabes de Galland et ceux du docteur<br />

Mardrus. 6 »<br />

Ce rapprochement tombait en effet sous le sens. Il est patent que certains chapitres de Gil<br />

Blas peuvent être fortement mis en parallèle avec ceux de Pablo de Ségovie, rapprochement qui est<br />

déjà sensible à la seule évocation des titres de chapitres 7 .<br />

1<br />

Voir à ce sujet Henri Bordillon, « Rennes, révisions d’histoire », Cymbalum pataphysicum, n° 5, p. 65-<br />

66.<br />

2<br />

Alain-René Lesage, Gil Blas de Santillane, A. Carbillet & Cie, 1881, p. 4.<br />

3<br />

Voir Francisco de Quevedo, Pablo de Ségovie, "el gran tacano", op. cit., p. 36.<br />

4<br />

Alain-René Lesage, op. cit., p. 3.<br />

5<br />

Dir. Ernest Lavisse et Alfred Rambaud, op. cit.<br />

6<br />

La Revue blanche, tome 28, mai-août 1902, p. 638.<br />

7<br />

Voir notamment – en ayant simplement en mémoire les chapitres de Pablo de Ségovie évoqués par<br />

Jarry dans son compte rendu –, au sein de Gil Blas, le chapitre VIII du premier livre intitulé « Gil<br />

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