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Cette attitude n’est d’ailleurs nullement circonscrite au travail critique de l’auteur de La<br />

Chandelle verte : elle est particulièrement sensible dans le « Commentaire ». Comme le remarque<br />

Paul Edwards, « Jarry construit son argument en faisant un couper/coller des passages qui<br />

proviennent de tout le livre de Thomson, et non seulement du seul article dont il donne 1 » avec<br />

précision les références dans une note : « * Cf. W. Thomson, On a gyrostatic adynamic constitution for<br />

ether, C.R., 1889 ; Proc. R. Soc. Ed., 1890. 2 » Jarry fournit « le titre en anglais, alors qu’il a la<br />

traduction française devant lui. 3 » Pourquoi ? « La raison en est simple : il était en train de plagier<br />

un autre article (« Acheminement vers une théorie cinétique de la matière »), dans lequel<br />

l’annotateur français M. Brillouin renvoie dans une note à l’article concernant la constitution de<br />

l’éther. Jarry plagie jusqu’aux notes. 4 »<br />

Si le « Commentaire » est particulièrement révélateur de la démarche de Jarry, c’est parce qu’il<br />

permet de bien comprendre à quel point l’auteur de La Chandelle verte puise un savoir multiple le<br />

plus souvent en un seul endroit (fréquemment resserré 5 ), en l’occurrence, en ce qui concerne le<br />

« Commentaire », en un seul ouvrage, en taisant, de façon plus ou moins affirmée, sa source, et<br />

ainsi en redéployant ensuite l’arborescence du savoir de telle façon que les sources semblent être<br />

multiples. C’est le cas avec son compte rendu du livre de Danville bien sûr, mais également de<br />

façon encore plus sensible avec Le Surmâle où il puise de nombreuses références dans sa lecture<br />

de passages limités de Rabelais 6 .<br />

— À partir de quelle forme de lecture naît le compte rendu ?<br />

Ainsi, si de par sa posture feinte d’érudit, au sein de ce compte rendu de l’ouvrage de<br />

Danville, Jarry donne à sa parole critique les modalités de celle qui fleurit au sein du Mercure de<br />

France d’abord, mais également dans La Revue blanche, même si c’est à une moindre mesure, il<br />

semble également s’opposer à cette exigence d’érudition (en la moquant, la singeant) sur laquelle<br />

se construit tout discours critique qui prenne en considération des ouvrages teintés d’érudition,<br />

perceptible fortement, comme cela a déjà été signifié, jusqu’au sein des petites revues, cherchant à<br />

1<br />

Paul Edwards, « Jarry et William Thomson. La construction visuelle de la Machine à Explorer le<br />

Temps », L’Etoile-Absinthe, tournées 95-96, « Jarry Beardsley Kelvin », Les Cahiers<br />

iconographiques de la société des amis d’Alfred Jarry, Penne-du-Tarn, 2002, p. 69.<br />

2<br />

OC I, p. 738.<br />

3<br />

Paul Edwards, op. cit.<br />

4<br />

Ibid. Voir aussi Alfred Jarry, Gestes et opinions du docteur Faustroll pataphysicien, « roman néoscientifique<br />

», édition [établie et] annotée par une transcommission exceptionnelle du Cymbalum<br />

pataphysicum, [Sermiers], Cymbalum pataphysicum [Collège de Pataphysique], 1985, p. 322.<br />

5<br />

Voir OC II, p. 779.<br />

6 Voir Ibid.<br />

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