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force dès le commencement de sa carrière littéraire, a de ce fait peut-être été confortée par cette<br />

amitié, d’autant plus que Jarry chronique notamment les ouvrages de Demolder).<br />

L’on doit comprendre la remarque de Jarry comme quoi les « crayonnages » de Bonnard<br />

sont « assez diaphanes pour ne point empêcher de lire », dans la bibliographie qu’il rédige de<br />

Parallèlement, comme naissant directement de ce climat de méfiance généralisée vis-à-vis de<br />

l’illustration.<br />

Jarry nie la valeur des lithographies en tant qu’illustrations, en considérant qu’elles sont<br />

indubitablement reliées au texte dont elles semblent l’émanation : puisque texte et dessin forment<br />

une seule et même réalité, il n’est ainsi plus permis de parler d’illustration. Aussi toutes les<br />

considérations qui entachent en général de facto ce mode d’accompagnement du texte ne peuvent-<br />

elles exister.<br />

Les lithographies deviennent l’écho visuel du texte et remarquons que cette liaison est encore<br />

renforcée par le choix constant de l’italique, au sein de Parallèlement édité par Vollard, qui tire<br />

irrémédiablement le texte du côté de la chose dessinée. Tout devient ainsi dessin, si l’on donne<br />

voix à la définition, déjà évoquée, qu’en donne Salah Stétié : « Est considéré comme dessiné ce qui,<br />

dans la confusion générale des formes ou de la forme, se détache et semble, par le trait qui le<br />

sépare de toute autre chose, acquérir une existence ou, à tout le moins, une présence<br />

autonome […] 1 ».<br />

3. 2. Liberté créatrice de l’illustrateur jugée dangereuse.<br />

On observe ainsi une méfiance de certains littérateurs, patente à cette époque, vis-à-vis des<br />

illustrateurs, méfiance exprimée surtout d’abord, peut-on penser, face à l’autorité que ceux-ci<br />

pourraient vouloir prendre, de la vie propre qu’ils pourraient réclamer, au sein de l’enceinte idéale<br />

du livre.<br />

Péril, extrême pour certains écrivains peut-on penser, signifié en somme par la possibilité –<br />

qui est inséparable de l’illustration dans sa maturation puis dans son surgissement – que celle-ci se<br />

tienne irrémédiablement du côté du dessin, tel qu’il est pensé par certains symbolistes et tel que<br />

nous l’avons évoqué au début, c’est à dire dans une force singulière d’imprécision néanmoins<br />

unitaire 2 et autosuffisante qui peut nuire à l’intégrité du texte, une force dont l’intensité,<br />

possiblement grande, nuira à hauteur de cette grandeur à la force du texte, laquelle sera ainsi<br />

sinon minorée du moins évacuée, l’attention du lecteur se fragmentant et se dirigeant en<br />

1 Salah Stétié, op. cit.<br />

2 Même si cette unité se caractérise par une capacité à être sur le point de se muer en autre chose,<br />

en quelque chose de plus immédiatement signifiant.<br />

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