30.06.2013 Views

thèse

thèse

thèse

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

deux équations et tantôt de faire servir une seule équation à déterminer deux, trois et quatre<br />

inconnues […] 1 ».<br />

Remarquons ainsi que Jarry mathématise encore davantage le propos de Walras 2 (voir la<br />

variante E), remplaçant « deux » par « n » puis « deux, trois et quatre » également par « n ».<br />

L’extrême aisance affichée de Jarry avec le caractère très ardu de l’ouvrage de Walras est<br />

redoublée par la façon qu’il a de pousser le propos originel plus avant encore dans le sens d’une<br />

mathématisation qui occuperait toutes les strates du discours.<br />

Il ne cherche pas, ce faisant, à complexifier (davantage s’il était possible) le propos de Walras<br />

mais à s’inscrire en force dans une visée uniquement et unanimement scientifique.<br />

Jarry montre ainsi sa fascination pour la terminologie autant que pour la logique propres aux<br />

mathématiques, en même temps qu’il légitime sa posture énonciative de critique rendant compte<br />

d’ouvrages scientifiques très ardus (puisque, partageant le dialecte propre à Walras, il s’affirme<br />

ostensiblement sinon comme l’un de ses pairs du moins comme un parfait connaisseur de son<br />

domaine de recherche) et qu’il cherche, pour finir, à fondre son propos exégétique au sein du<br />

propos de l’auteur dont la logique mathématique, cryptique de par la myriade d’équations,<br />

demeure l’essentiel, cette logique poussée à son paroxysme amenant Jarry à devenir en quelque<br />

sorte l’auteur de l’ouvrage dont il rend compte, superposant sa parole à celle de Walras, de par la<br />

façon qu’il a de puiser textuellement en son sein, sans mentionner ce fait : et il va en effet jusqu’à<br />

contester une part du propos de l’auteur (ou plus exactement la lecture qu’il fait de celui-ci),<br />

énonçant, fût-ce sous la forme de l’ « esquiss[e] », sa propre « théorie », fût-ce celle « de la<br />

fabrication de la monnaie fiduciaire en libre concurrence », ainsi qu’il l’affirme dans sa chronique<br />

« L’échéance dans ses rapports avec le suicide » parue dans La Revue blanche le 15 novembre 1901<br />

faisant explicitement référence à ce compte rendu de l’ouvrage de Walras (voir la note 28).<br />

19. Jarry puise textuellement (nous soulignons) dans la phrase suivante : « […] et l’on doutera, je<br />

l’espère, qu’une telle méthode puisse être indéfiniment opposée à celle qui veut « constituer l’économie politique<br />

pure comme une science exacte » 3 ».<br />

20. Jarry puise sa citation dans le passage suivant, modifiant « prix, ou » en « prix ou » et<br />

« échange, sont » en « échange sont », resserrant en outre cette formule en n’en citant que la<br />

1 Ibid.<br />

2 Sur la fascination de Jarry pour le langage propre aux mathématiques, voir Matthieu Gosztola,<br />

« Les mathématiques, langue la plus abstraite et la plus absolue ? », L’Étoile-Absinthe, n° 107-108,<br />

Société des amis d’Alfred Jarry, 2005, p. 31-41 et Matthieu Gosztola, « Déplacer l’obscurité (Le<br />

désir de méthode chez Jarry et Valéry) », La Licorne, n o 80, « Alfred Jarry. Monstres et merveilles »,<br />

études réunies et présentées par Patrick Besnier, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2007,<br />

p. 47-73.<br />

3 Économica, p. 21.<br />

665

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!