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2. 5. Le mécanisme de la syn<strong>thèse</strong> : littérature quintessenciée.<br />

Dans Le Mercure de France de juin 1895, Maurice Griveau dans « Une nouvelle définition de<br />

l’œuvre d’art » va jusqu’à écrire, synthétisant là, contrairement à ce que son titre suggère, une idée<br />

répandue : « Je définis l’œuvre d’art en ce mode nouveau : C’est une syn<strong>thèse</strong> harmonique par élection.<br />

Et d’abord, qu’est-ce qu’une syn<strong>thèse</strong> ? – Permettez-moi cette définition militaire : c’est le passage<br />

de l’ordre « dispersé » à l’ordre « concentré ». 1 » Comment cet ordre peut-il être atteint ?<br />

Au sein de Faustroll, Jarry évoque les livres pairs comme étant les « quintessences des<br />

œuvres 2 ». Chaque œuvre est elle-même sa propre quintessence (autrement dit elle est elle-même,<br />

en une certaine part, sa propre syn<strong>thèse</strong>).<br />

Cette visée à quoi tend irrémédiablement l’œuvre romanesque appartient du reste à l’époque<br />

puisque Rachilde par exemple rendant compte dans Le Mercure de France en 1896 de Aphrodite de<br />

Louÿs parle de « littérature quintessenciée 3 ».<br />

Jean-Pierre Bertrand, Michel Biron, Jacques Dubois et Jeannine Paque, dans Le roman<br />

célibataire, offrent ainsi une définition de cette forme de littérature à quoi tend fortement Faustroll :<br />

« [m]iniaturisé, le roman appelle les expériences les plus folles et s’enfonce dans la recherche<br />

outrancière d’un lexique ayant les vertus de la poésie et d’une syntaxe tarabiscotée, pleine de<br />

solécismes et de tournures précieuses, sorte de prose libre capable de concurrencer le vers. On<br />

veut en faire moins (moins long, moins ample) pour dire plus et pour que chaque phrase soit le<br />

foyer de la quintessence romanesque. 4 »<br />

2. 6. « Du petit nombre des élus ».<br />

Un chapitre notamment de Faustroll est exemplaire de cette volonté. Il s’agit de « Du petit<br />

nombre des élus ». Jarry semble citer fidèlement des passages des œuvres retenues. En réalité, il<br />

n’en est rien. Les citations sont modifiées, inventées, arrachées à d’autres œuvres.<br />

Si la citation telle que l’auteur de La Chandelle verte la présente, prétendument vestige, signe ou<br />

syn<strong>thèse</strong> de l’œuvre mentionnée, n’est jamais laissée dans « toute son intégrité contextuelle 5 »,<br />

1<br />

Le Mercure de France, n° 64-66, tome XIV, avril-juin 1895, p. 286.<br />

2<br />

OC I, p. 722.<br />

3<br />

Le Mercure de France, n° 76-78, tome XVIII, avril-juin 1896, p. 286.<br />

4<br />

Jean-Pierre Bertrand, Michel Biron, Jacques Dubois, Jeannine Paque, Le roman célibataire, d’À<br />

rebours à Paludes, José Corti, 1996, p. 47.<br />

5<br />

Daniel Ferrer, « Un imperceptible trait de gomme de Tragacanthe… », Dir. Paolo D’Iorio et<br />

Daniel Ferrer, Bibliothèques d’écrivains, CNRS éditions, collection Textes et Manuscrits, 2001, p. 18.<br />

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