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9. Cette arme ne faisait pas partie de l’attirail de Gilmour.<br />

En réalité, Jarry puise celle-ci dans Les Chants de Maldoror de Lautréamont : « L’anneau de fer<br />

du nœud coulant, miroitant aux rayons du soleil, engage à compléter soi-même l’illusion. 1 »<br />

Jarry décrit l’anneau comme étant d’or en se concentrant sur la réalité des rayons du soleil,<br />

ceux-ci étant en contact avec l’anneau, leur conférant la matière qui leur correspond le plus<br />

justement, suivant sa conception de l’alchimie héritée de sa lecture d’Eliphas Lévi.<br />

10. Écho probable de la lecture de ce passage de De l’Assassinat considéré comme un des Beaux-Arts :<br />

« […] on peut le regarder comme le plus aristocratique et le plus délicat des artistes. 2 »<br />

11. Jarry s’inspire (nous soulignons) de l’article de L’Écho de Paris du 14 avril 1901 intitulé « Le<br />

crime de Passy. Tentative d’assassinat sur une femme élégante » : « [L]’homme prit sur la table de<br />

nuit un verre qu’il lui brisa sur la tête. Les morceaux lui labourèrent la face et le cou. […]<br />

L’assassin entendit du bruit ; voyant son coup manqué, il se réfugia dans le cabinet de<br />

toilette. […] C’est là que les agents trouvèrent l’assassin paisiblement assis sur une chaise et fort<br />

occupé à rouler une bande de toile autour de sa main pour panser une blessure qu’il s’était faite<br />

avec le verre brisé. »<br />

Le calme de l’agresseur est mentionné par tous les journalistes, mais implicitement comme<br />

une circonstance aggravante, témoignant de l’absence d’humanité de Gilmour. Le Matin du 14<br />

avril 1901 précise que l’agresseur était « tranquillement assis dans le cabinet de toilette », au<br />

moment de l’arrivée de la police, et Le Temps du 26 avril 1901 décrit le « ton » de Gilmour comme<br />

étant « très calme », celui-ci « parlant fort lentement pour laisser à l’interprète le temps de traduire<br />

au fur et à mesure ».<br />

12. Autre écho (voir la note 9) de la lecture des Chants de Maldoror : « […] tu te contentas, par un<br />

rapide mouvement imprimé à la lame d’acier, de me couper le poignet droit. 3 »<br />

En outre, Jarry transforme une blessure subie par l’agresseur, si l’on en croit l’évocation qui<br />

est faite de cette agression dans les quotidiens avec une uniformité notable et logique, en plaisir<br />

masochiste choisi, ardemment recherché : « […] l’inconnu s’empara d’un verre qui se trouvait sur<br />

un meuble et lui en porta sur le crâne des coups si terribles que son arme improvisée fut brisée en<br />

plusieurs morceaux. ». Il « band[e] » ensuite « avec un mouchoir » la « blessure qu’il s’[est] faite »,<br />

1 Comte de Lautréamont, Les Chants de Maldoror, « chants I, II, III, IV, V, VI », L. Genonceaux,<br />

1890, p. 384.<br />

2 Thomas de Quincey, op. cit., p. 126.<br />

3 Comte de Lautréamont, op. cit., p. 321-322.<br />

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