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perfection 1 , à un principe alchimiste et divin (ce dernier apparaissant comme découlant<br />

directement de la mythologie donnant à penser, à rêver l’histoire du roi Μίδας) dont il est la trace<br />

la plus palpable : « Des paillettes d’or couvriront tes dalles. Tout ce qui me touche se transmute<br />

en or. Les yeux des hiboux m’ont souvent fixé éternellement ils resteront d’or... 2 ».<br />

Si l’or, rattaché inéluctablement aux yeux, est symbole de la perfection, c’est parce que les<br />

yeux sont bien pour Fechner le réceptacle de l’âme : « Cependant le jeune homme qui lit son<br />

bonheur dans deux beaux yeux, que voit-il, sinon deux globes dans lesquels l’âme a passé tout<br />

entière ? L’œil n’est-il pas le vrai siège de l’âme [...] ? 3 ».<br />

La réalité des yeux, c’est en quelque sorte l’homme passé au crible de l’abstraction, l’homme<br />

sublimé, puisque les yeux sont le seul organe parfait en l’homme selon Jarry ; c’est la forme<br />

achevée de l’homme contenue en l’homme, lequel échoue toujours à s’incarner totalement du fait<br />

de cette dualité fondamentale, de cette coexistence de pureté et d’impureté – à laquelle il se<br />

résume douloureusement – faisant de lui véritablement une figure monstrueuse : « Même dans<br />

notre corps, l’œil a déjà une sorte d’indépendance ; c’est tout un organisme dans lequel les divers<br />

systèmes du corps humain, le système nerveux, le système musculaire, etc., sont groupés, mais de<br />

la manière la plus harmonieuse et en affectant la forme concentrique. Que lui manque-t-il pour<br />

vivre de sa vie propre, qu’un milieu pour lequel il soit fait ? 4 »<br />

Cette forme achevée et ainsi suffisante ne peut malgré tout, de facto, de par l’unité organique<br />

de l’homme, se suffire à elle-même.<br />

3. 1. 3. Désir paradoxal exprimé pour la décollation.<br />

3. 1. 3. 1. La tête, siège de l’âme : continuité de l’influence de Fechner sur Jarry.<br />

1 C’est ainsi par antiphrase que Jarry le relie également à l’intimité amoureuse. L’or des yeux doit<br />

être mis en parallèle avec l’évocation de la Muse dans L’Amour en visites, évocation également<br />

reliée à celle du hibou, l’évocation de cet animal du bestiaire jarryque renvoyant invariablement à<br />

l’intimité amoureuse (renvoyant à la formulation des « Prolégomènes de Haldernablou » : « son<br />

sexe, beau comme un hibou pendu par les griffes ») – et la Muse est une créature sexuée à<br />

l’extrême, bien que son sexe soit semblable à celui de la Princesse du conte de Remy de<br />

Gourmont Le Château singulier dont Jarry rend compte dans les pages de L’Art littéraire – : « Elle est<br />

aveugle. Sur ses yeux, fermés hermétiquement comme son sexe, brillent des monocles d’or, deux monocles d’or et non<br />

pas un binocle, selon l’indépendance des yeux du caméléon. Sa bouche est d’un rouge obscur. Elle s’avance, suivie<br />

d’un vol de chauves-souris et de hiboux dont les pattes sont phosphorescentes » (OC I, p. 892).<br />

2 OC I, p. 176.<br />

3 Fechner, op. cit.<br />

4 Id., p. 121.<br />

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