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doit, bien évidemment, être longuement interrogé afin de comprendre dans quelle mesure il peut<br />

s’exprimer (s’il s’exprime toutefois).<br />

Ce refus du théâtre représenté (cette nuance a toute son importance, comme nous venons de<br />

le suggérer) se fait jour de façon implicite au travers, en premier lieu, d’un refus d’assister aux<br />

pièces dont il rend compte (refus qui souffre néanmoins des exceptions) et, en second lieu, de<br />

l’écriture propre au compte rendu d’une nature étrangère au propos de la pièce autour duquel elle<br />

se construit malgré tout.<br />

1. 3. 2. Une haine problématique.<br />

L’auteur du Surmâle partage avec les auteurs de sa génération une haine pour le genre théâtral,<br />

haine problématique toutefois car elle se mêle constamment, tout au long de son existence, à un<br />

intérêt profond et constant pour celui-ci. Comme l’écrit Patrick Besnier, « Jarry aime trop le<br />

théâtre, ses schématismes et ses excès, pour ne pas vouloir l’incarner ; il appartient trop à sa<br />

génération pour y renoncer d’emblée. 1 »<br />

Néanmoins, il ne faut pas occulter une assertion émanant de sa plume par laquelle il exprime<br />

de fracassante façon son dédain pour le théâtre, rejoignant l’avis de celui qui fut son alter ego au<br />

début de sa carrière littéraire : Léon-Paul Fargue, celui-ci déclarant dans Refuges : « Je ne suis pas<br />

ce qu’on appelle un homme de théâtre, ni même un homme qui va beaucoup au théâtre. Voilà<br />

une matière à laquelle j’ai toujours hésité à mettre la patte, un monde dont je ne suis guère. 2 »<br />

Jarry écrit en effet, semblable assertion ne devant être passée sous silence : « Nous ne savons<br />

pourquoi, nous nous sommes toujours ennuyé à ce qu’on appelle le Théâtre. 3 »<br />

Le dédain, le mépris ou même la haine, à certains égards (du fait de la foule qui y est<br />

inéluctablement rattachée), exprimés vis-à-vis du théâtre font toujours sens car ils naissent d’un<br />

désir profond déçu, toujours problématique, pour ce genre. Désir inavouable aussi en ce sens<br />

qu’il se conjugue avec un désir de reconnaissance du public que Jarry définit comme « l’âme de la<br />

foule 4 » dans sa chronique « Le droit de critique » parue dans La Revue blanche du 1 er août 1902.<br />

1. 3. 3. Le théâtre comme voie d’accès à la reconnaissance de la « foule » du public.<br />

1 BESNIER, p. 195.<br />

2 Léon-Paul Fargue, Refuges, Gallimard, collection L’imaginaire, 1966, p. 138.<br />

3 L’Étoile-Absinthe, op. cit., p. 45.<br />

4 OC II, p. 367.<br />

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