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sa posture au sein du social qu’il s’est choisi : s’il correspond (surtout) aux contours du Mercure de<br />

France, sa posture était, peut-on penser, essentiellement en définitive celle de l’amitié.<br />

2. 3. La profession de foi de Rachilde dont s’inspire Jarry.<br />

Rachilde écrit dans Le Mercure de France, à l’occasion de son compte rendu de Gog de Catulle<br />

Mendès (et Jarry ne pouvait manquer de connaître ce compte rendu étant donné son intérêt<br />

présent tout à la fois pour Le Mercure de France, pour le travail de Rachilde, et pour cet ouvrage de<br />

Mendès qu’il immortalisera dans la liste des livres pairs de Faustroll 1 ) : « […] le Monsieur préposé<br />

à la critique des romans m’a toujours paru un étrangleur de profession, se montrât-il d’humeur<br />

louangeuse. Tirer six lignes à bout portant sur un ouvrage de six cents pages, souvent l’effort de<br />

plusieurs années cérébrales, l’envoyer dans l’éternité avec une jolie grâce de clown inconscient,<br />

n’est-ce pas le crime le plus bouffon que l’on puisse commettre, et, à y penser profondément, la<br />

sueur ne devrait-elle pas vous en perler aux tempes ? Or, me voici à mon tour (du diable si je sais<br />

pourquoi) devant l’étal, où, boucher d’occasion, sinon criminel de race, je vais désarticuler les<br />

membres de la Chimère ! Dussé-je encourir la haine de mes lecteurs, je le ferai respectueusement, et<br />

c’est, à l’heure présente, le seul moyen, j’imagine, de leur sembler original. 2 »<br />

Cette profession de foi de Rachilde (qu’elle ne met néanmoins pas en pratique, car nombre de<br />

ses comptes rendus sont pour le moins cinglants, ne serait-ce que dans l’ironie ou bien encore<br />

dans la façon expéditive de rendre compte d’une œuvre qui la meut parfois et qui est déjà en soi<br />

façon de porter un jugement cinglant sur l’auteur – en sous-entendant justement que celui-ci ne<br />

parvient pas à éveiller la moindre glose, d’où son manque d’intérêt le plus flagrant), Jarry s’en<br />

souviendra singulièrement. Car même si elle date de 1896, le 1 er mai 1903, dans La Plume, au sein<br />

de sa chronique intitulée « Ce que c’est que les ténèbres », Jarry écrit, faisant évoluer son opinion<br />

par rapport aux Minutes où il affirmait, au sein du « Linteau » (deux ans par conséquent avant la<br />

parution du propos de Rachilde), que la « dissection indéfinie exhume toujours des œuvres<br />

quelque chose de nouveau 3 » : « nous ne disséquons point les auteurs vivants 4 », faisant écho à la<br />

formulation de Rachilde où elle compare, à travers elle (c’est-à-dire à travers sa posture<br />

énonciatrice), le critique à celui qui « désarticul[e] les membres de la Chimère », allant jusqu’à le<br />

nommer « boucher d’occasion 5 ».<br />

1<br />

Voir OC I, p. 661.<br />

2<br />

Le Mercure de France, n° 76-78, tome XVIII, avril-juin 1896, p. 283.<br />

3<br />

Bouquin, p. 11.<br />

4<br />

OC II, p. 433.<br />

5<br />

Le Mercure de France, op. cit.<br />

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