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Comme l’écrit Villiers dans L’Eve future : « [t]ant [de] choses, d’apparence impossible, se<br />

réalisent autour de nous […] 1 ». Et, de fait, « [a]utour de 1900, la science prêtait au mystère, la<br />

technique faisait rêver et cette euphorie scientifique et technique cohabitait avec une attention<br />

soutenue aux phénomènes occultes. 2 »<br />

Le « roman scientifique » devient ainsi le « répertoire de l’irréalisé actuel 3 », ainsi que l’écrit<br />

Jarry dans sa chronique intitulée « De quelques romans scientifiques » parue dans La Plume la<br />

première quinzaine d’octobre 1903. Il s’agit bien avec le « roman scientifique » de l’ « irréalisé »<br />

seulement « actuel » car, comme le remarque Sophie de Velder dans son article intitulé<br />

« Fantastique et créatures artificielles » : « La science-fiction dessine les contours non de<br />

l’impossible perturbant les lois qui gouvernent la réalité, mais du monde possible que la science<br />

nous promet. 4 »<br />

La science, dans le cadre de ce que Jarry nomme le « roman scientifique », devient ainsi un<br />

parfait moteur pour la littérature, qui trouve aussi ici le moyen de renouveler ses sources<br />

séculaires d’inspiration et de parvenir de ce fait à atteindre (par ce biais mais également par le<br />

biais de l’impossible devenu narrativement possible une fois scénarisé et rendu logique, au moyen<br />

du garant d’authenticité qu’est la science dévoyée, détournée afin que l’intrigue pût exister) un<br />

renouvellement des formes qui lui sont propres.<br />

Comme le résume Jean Lionnet dans son ouvrage intitulé L’Évolution des idées chez quelques-uns<br />

de nos contemporains paru en 1905 : « les hypo<strong>thèse</strong>s scientifiques pourront servir de thèmes aux<br />

littérateurs futurs. Chez nous déjà, MM. J.-H. Rosny n’ont-ils pas écrit deux romans, Vamireh et<br />

Eyrimah, fondés sur les conjectures de la préhistoire ? Puis Wells est venu en Angleterre. Nous en<br />

verrons surgir d’autres. La mythologie grecque a nourri les lettres pendant des siècles. Le<br />

merveilleux scientifique ne sera-t-il pas la mythologie de demain ? 5 ».<br />

Le merveilleux scientifique est ardemment vanté par Jarry et mis en pratique par lui<br />

notamment avec Faustroll (en un certain sens) et le « Commentaire », ce qui pousse Fagus à écrire<br />

dans un article intitulé « Des mots » inséré dans La Plume en 1901 : « [...] comme volontiers je<br />

m’adonnerais à récrire les romans de Jules Verne, si je m’appelais Alfred Jarry ! les récrire, je<br />

1<br />

Villiers de l’Isle-Adam, L’Eve future, édition présentée, établie et annotée par Alan Raitt,<br />

Gallimard, collection Folio, 1993, p. 337.<br />

2<br />

Bernadette Bensaude-Vincent et Christine Blondel, « Introduction », Dir. Bernadette Bensaude-<br />

Vincent et Christine Blondel, Des savants face à l’occulte, 1870-1940, Éditions de la Découverte,<br />

collection Sciences et société, 2002, p. 5.<br />

3<br />

OC II, p. 520.<br />

4<br />

Sophie de Velder, « Fantastique et créatures artificielles », Dir. Isabelle Krzywkowski, op. cit., p.<br />

149.<br />

5<br />

Jean Lionnet, L’Evolution des idées chez quelques-uns de nos contemporains, deuxième série, Librairie<br />

Académique Didier, Perrin et Cie, 1905, p. 236.<br />

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