30.06.2013 Views

thèse

thèse

thèse

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

sur mes genoux […] 1 ». Rachilde écrit de la même façon dans son compte rendu : « C’est malice à<br />

l’auteur des Patins de la reine de Hollande de nous montrer sa manière chaste. 2 »<br />

9. C’est ici, outre la formulation allusive « érudition pittoresque », la seule allusion au style coloré<br />

de Demolder. La minceur relative de cette allusion, discrète en outre, puisqu’elle a lieu au travers<br />

d’une comparaison, fait donc sens en ce qu’elle est révélatrice du désir de l’auteur du Surmâle de<br />

parler de l’œuvre de son ami indépendamment des critères picturaux qui la caractérisent<br />

doxastiquement auprès de la rédaction des petites revues et lui offrent, pour les critiques, toute sa<br />

fraîcheur, tout son pittoresque.<br />

10. L’idée de l’importance du bibelot comme ce qui vient instaurer une polychromie est héritée<br />

de la lecture qu’a faite Jarry de L’Esthétique de la rue de Gustave Kahn, livre dont il rend compte<br />

deux mois auparavant (soit le 1 er avril) dans La Revue blanche : « Un élément de polychromie, dont<br />

on ne peut négliger l’importance, fut le goût très vif du bibelot qui battit son plein, ces<br />

dernières années. 3 »<br />

11. Jarry montre ici que l’objet affiché du livre, qui est de faire naître un sentiment de pitié chez<br />

le (jeune) lecteur, est atteint, doublement atteint même puisque l’ouvrage parvient à émouvoir les<br />

adultes.<br />

Remarquons que la pitié universellement décriée à cette époque (puisque pour les mentalités<br />

fin-de-siècle l’homme doit s’extraire du monde, et particulièrement de la société, la pitié le<br />

ramenant au contraire avec force au monde, par le biais de l’empathie) est pourtant vantée à deux<br />

reprises dans Le Mercure de France, par l’intermédiaire de son directeur Vallette et d’un critique<br />

récurrent à la plume pourtant souvent acerbe : Charles Merki.<br />

Vallette écrit à propos de Sur le Retour de Paul Margueritte (Ernest Kolb) en 1892 : « Cette<br />

pitié, si rare dans le roman français, pour un être malheureux ou ridicule, est celle des qualités de<br />

M. Paul Margueritte que j’aime le plus. 4 »<br />

Merki note au sujet de Pages Rouges de Séverine (Simonis-Empis) l’année suivante, sa<br />

remarque se trouvant toutefois atténuée par le fait que la pitié se trouve pour lui justifiée du fait<br />

qu’elle émane d’une femme, l’être par conséquent qui tire toute sa légitimité à exister en tant<br />

qu’être sensitif (idée récurrente à cette époque, jusque dans les publications médicales) : « […] elle<br />

a fait un livre de pitié. […] C’est qu’elle écrit non seulement avec son cœur, comme on a coutume<br />

de le dire, mais avec ses nerfs, avec sa sensibilité de femme ; […] elle écrit comme elle sent […]<br />

1 Eugène Demolder, op. cit., p. 13.<br />

2 Le Mercure de France, n° 85-87, op. cit.<br />

3 Gustave Kahn, L’Esthétique de la rue, E. Fasquelle, 1901, p. 227.<br />

4 Le Mercure de France, n° 33-36, tome VI, septembre-décembre 1892, p. 272.<br />

1056

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!