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position qui s’articule autour d’un goût appartenant en propre au critique), transformant sa<br />

propre parole en parole rapportée sans que cela soit visible, Jarry fait plus que proclamer en creux<br />

son mépris de la critique : il s’attache à prouver l’inutilité de celle-ci.<br />

Ainsi, Jarry vit de la critique (notamment) en proclamant l’inanité de celle-ci, répondant en<br />

tout point à la formulation de Remy de Gourmont dans son compte rendu de Reliquaire,<br />

« poésies » de Rimbaud, avec une préface de Rodolphe Darzens (L. Genonceaux), inséré dans Le<br />

Mercure de France en 1891 (Jarry connaissant d’autant plus possiblement ce compte rendu qu’il était<br />

attaché à l’œuvre de l’auteur des Illuminations, comme en témoigne la liste des livres pairs) :<br />

« L’auteur [de la préface] s’est tiré de sa tâche en déclarant son mépris pour la Critique littéraire : ce<br />

sentiment ne devrait être permis qu’à ceux qui sont capables d’en faire 1 ».<br />

Ce point de vue du reste n’appartenait pas en propre à Gourmont et peut être rapproché<br />

fortement de ce qu’écrit Charles Merki à propos de Le Parapluie de l’Escouade d’Alphonse Allais<br />

(Ollendorff) dans Le Mercure de France en 1893 : « […] le journalisme contemporain, dont il vit en<br />

le ridiculisant pour notre grande joie 2 ».<br />

2. 2. Pourquoi la posture du critique est-elle impossible ?<br />

2. 2. 1. Le jugement est impossible, n’étant qu’une opinion.<br />

Le mépris de Jarry pour la figure du critique et, à travers elle, pour l’acticité qu’il exerce, est<br />

notamment visible dans ses chroniques regroupées sous l’appellation La Chandelle verte.<br />

Il est ainsi frappant de constater que Jarry désigne Sarcey par le « critique », au travers de<br />

l’expression les « feuilletons du critique », ce qui sonne, dans la bouche de Jarry, comme une<br />

insulte, au sein de son compte rendu de Les Éphémères m’as-tu vu de Louise France inséré dans La<br />

Revue blanche le 15 novembre 1901 : « [...] comme un simple Sarcey, [Louise France] publie ses<br />

souvenirs de « trente ans de théâtre ». Mais nous sommes loin, et ne nous en plaignons pas, des<br />

feuilletons du critique. Un critique n’est en somme qu’un fauteuil d’orchestre un peu<br />

perfectionné, qui par quelque sélection naturelle et adaptation au milieu est parvenu à posséder la<br />

parole articulée. »<br />

Dans son compte rendu de « Guignol : Jules ou les Nèfles de l’Alaska, de M. Karl Rosenval. –<br />

Comédie-Française : L’Autre Danger, de M. Maurice Donnay. – Théâtre Sarah-Bernhardt :<br />

Théroigne de Méricourt, de M. Paul Hervieu » paru dans La Revue blanche le 1 er janvier 1903, l’auteur<br />

de Messaline stigmatisera la hâte qui caractérise le critique dans son jugement, évoquant « le<br />

1 Le Mercure de France, n° 19-24, tome III, juillet-décembre 1891, p. 364.<br />

2 Le Mercure de France, n° 45-48, tome IX, septembre-décembre 1893, p. 177.<br />

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