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7. Ce terme est à rapprocher également (voir la note 6) de ce qu’écrit Gustave Kahn dans son<br />

compte rendu : « […] dans [l]e cerveau [de Jarry] l’érudition ne fait qu’apporter quelque substrat à<br />

la fantaisie, […] elle est […] un tremplin […] 1 ».<br />

Notons toutefois que chez Jarry l’érudition est véritablement une « Machine à explorer le<br />

temps ». C’est par elle qu’il cherche, d’abord et avant tout, à restituer une réalité ignorée (voir la<br />

note 8).<br />

Elle exprime bien davantage qu’un rapport ludique au savoir ; l’érudition, de par la façon<br />

ostentatoire suivant laquelle elle s’exprime chez Jarry, pourrait certes paraître trop affirmée pour<br />

se construire sur une visée qui soit sérieuse et n’être ainsi, de fait, pas séparée d’une certaine part<br />

de dérision, mais en vérité, elle est surtout le moteur indispensable par quoi l’écrivain peut<br />

parvenir à l’évocation d’une réalité qui donne tout son espace au pittoresque, exactement comme<br />

Jarry le fera avec la figure du Camelot, qui est à cet égard un exemple parfaitement<br />

symptomatique de la démarche opérée avec la figure de Messaline.<br />

Remarquons, en outre, que la notice nécrologique anonyme qui paraît dans Le Figaro le 2<br />

novembre 1907 semble rebondir sur cette formulation de la main de Jarry puisqu’il est rappelé<br />

que Messaline est « un roman d’une érudition remarquable et d’une étrange et forte couleur 2 ».<br />

8. Cette phrase doit être rapprochée de ce qu’écrit Jarry à Mardrus le 3 avril 1900, sous-<br />

entendant en quelque manière qu’avec son roman Messaline il est parvenu, tout comme Mardrus, à<br />

l’inédit d’une évocation, à la nouveauté évidente dans la restitution d’un pan de la littérature, de la<br />

culture et du passé, ayant réussi à lever pareillement un voile sur une réalité pourtant reculée dans<br />

le temps et dans l’espace ; le second point sous-entendu étant qu’il parvient tout comme Mardrus<br />

à restituer les véritables couleurs d’un passé (le fait que le mot « pittoresque » soit fortement sous-<br />

entendu, et le fait que Jarry taise ce terme, alors qu’il le proclame ailleurs avec fracas, sont ici<br />

signifiants quant à une volonté de l’exprimer en toutes ses facettes, par une périphrase teintée<br />

d’hyperbole – « couleurs plus curieuses et plus savantes » –, le taisant dans la façon qu’il a d’être<br />

prononcé communément pour le prononcer de telle sorte que puisse advenir son identité même)<br />

que l’on pensait pourtant connaître (Jarry supplantant les évocations passées de la Rome antique<br />

de la même façon que Mardrus supplante, aux yeux de Jarry comme à ceux de la plupart de ses<br />

contemporains lettrés, la traduction de Galland) : « Je pense que la publication de Messaline sera<br />

1 Ibid.<br />

2 Propos cité dans L’Étoile-Absinthe, 17-18 ème tournée, Castelnau de Montmiral, Société des Amis<br />

d’Alfred Jarry, 1983, p. 6.<br />

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