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dans La Revue blanche au cours de l’hiver 1900, et grâce à laquelle, pour reprendre les termes de<br />

Paul-Henri Bourrelier, « Mirbeau fait une entrée fracassante dans La Revue blanche 1 ».<br />

28. Ce rapprochement est rendu manifeste par la mise en parallèle des deux œuvres, comme le<br />

prouvent les passages suivants.<br />

Le Journal d’une femme de chambre : « On prétend qu’il n’y a plus d’esclavage… […] Et les<br />

domestiques, que sont-ils donc, eux, sinon des esclaves ?... Esclaves de fait, avec tout ce que<br />

l’esclavage comporte de vileté morale, d’inévitable corruption, de révolte engendreuse de<br />

haines… Les domestiques apprennent le vice chez leurs maîtres… Entrés purs et naïfs – il y en a<br />

– dans le métier, ils sont vite pourris, au contact des habitudes dépravantes. […] Ajoutez que<br />

nous vivons dans une lutte perpétuelle, dans une perpétuelle angoisse, entre le demi-luxe<br />

éphémère des places et la détresse des lendemains de chômage ; que nous avons la conscience des<br />

suspicions blessantes qui nous accompagnent partout, qui, partout, devant nous, verrouillent les<br />

portes, cadenassent les tiroirs, ferment à triple tour les serrures 2 » ; « Avez-vous réfléchi, un<br />

instant, à ce que nous pouvons ressentir de haines mortelles et légitimes, de désirs de meurtre,<br />

oui, de meurtre, lorsque pour exprimer quelque chose de bas, d’ignoble, nous entendons nos<br />

maîtres s’écrier devant nous, avec un dégoût qui nous rejette si violemment hors l’humanité : « Il<br />

a une âme de domestique… C’est un sentiment de domestique… » ? 3 »<br />

Les 21 jours d’un neurasthénique : « Ni les certificats, ni l’examen médical, ni le minutieux<br />

interrogatoire qu’il me fallut subir ne furent jugés suffisants. Le petit monsieur désira envoyer à<br />

toutes les personnes chez qui j’avais servi un questionnaire très détaillé sur mon caractère, mon<br />

état mental, mes qualités évidentes, mes défauts possibles, mes dispositions au meurtre, ataviques<br />

ou autres, etc. […] [A]u fond de moi-même, énervé par ces défiances, horripilé par cette sorte<br />

d’espionnage physiologique, auquel, comme un criminel, j’avais dû me soumettre, je sentais, pour<br />

la seconde fois se lever des pensées obscures et de troubles désirs, dont il me semblait qu’ils<br />

exhalaient une odeur âcre et forte, grisante et terrible. 4 »<br />

29. Jarry fait allusion aux passages suivants (nous soulignons) : « – C’est que, objectai-je, je<br />

n’aime pas beaucoup entrer dans les habits d’un autre. – Une livrée, déclara le baron, ça n’est pas<br />

des habits… C’est à tout le monde et ça n’est à personne… 5 » ; « Je n’ai pas besoin de me<br />

regarder dans la glace… Cette livrée me va très bien au corps, possible… mais c’est à l’âme<br />

1 BOURRELIER, p. 797.<br />

2 Octave Mirbeau, Le Journal d’une femme de chambre, préface de Pierre Michel, Angers, Éditions du<br />

Boucher, Société Octave Mirbeau, 2003, p. 253-254.<br />

3 Id., p. 254.<br />

4 Octave Mirbeau, Les 21 jours d’un neurasthénique, op. cit., p. 293-294.<br />

5 Id., p. 296.<br />

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