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Dujardin effectué autour de la figure d’Antonia : « Nous sommes deux qui sont ensemble ; mon<br />

amie nous sommes ensemble ; nous sommes des yeux qui pareillement voient ; nous sommes des<br />

mains qui sont unies, des cœurs qui battent mêmement ; nous avons deux âmes liées ; nous<br />

respirons des souffles réciproques ; nous marchons des chemins uns ; nous sommes des âmes<br />

conjointes 1 ».<br />

Jarry semble vouloir montrer que le théâtre ne peut être, en définitive, que publié, en faisant<br />

en sorte que la représentation elle-même soit ramenée à la publication qui n’en devient ainsi pas le<br />

prolongement mais la paradoxale origine, ce qui permet d’en situer toute l’importance. Ainsi, à<br />

propos de Crainquebille d’Anatole France, il écrit : « Il existait déjà une édition illustrée, et de luxe,<br />

de Crainquebille, mais il n’y en aura jamais trop. Aller voir la pièce, avec sa mise en scène<br />

kaléidoscopique et mouvementée, donne assez l’illusion qu’on a l’heur d’être un bibliophile<br />

milliardaire, possesseur d’un exemplaire enluminé […] 2 ».<br />

2. Le journalisme : ressource pour les écrivains.<br />

2. 1. Expansion de la presse.<br />

Comme l’affirme Jules Renard, « le métier des Lettres est tout de même le seul où l’on<br />

puisse, sans ridicule, ne pas gagner d’argent 3 ». Seulement, voilà, il faut bien assurer la matérielle.<br />

Une ressource demeure vive à l’époque de Jarry pour les écrivains : le journalisme. Si Camille<br />

Mauclair note dans Le Soleil des Morts que la presse « s’intitule pompeusement le quatrième<br />

pouvoir de l’État 4 », « nul n’échappe décidément, au journalisme 5 », comme le constate avec<br />

amertume Mallarmé dans ses Divagations. À quoi cet attrait irrésistible pour la presse en tant que<br />

profession est-il dû ?<br />

« Les deux décennies 1880 et 1890 sont [en effet] marquées par la vigoureuse expansion de la<br />

presse, la libéralisation politique, les progrès techniques et l’extension du lectorat. 6 » Ces deux<br />

décennies voient ainsi survenir « l’émergence de la profession de journaliste et sa différenciation<br />

interne 7 » : « [l]a Troisième République n’a pas été seulement l’âge d’or des quotidiens, elle a<br />

1 Id., p. 10.<br />

2 OC II, p. 679-680.<br />

3 Jules Renard, Journal, Gallimard, collection Bibliothèque de la Pléiade, 1965, p. 1072 (cité par<br />

LEROY BERTRAND-SABIANI, p. 372).<br />

4 Romans Fin-de-Siècle, 1890-1900, textes établis, présentés et annotés par Guy Ducrey, Robert<br />

Laffont, collection Bouquins, 1999, p. 899.<br />

5 Mallarmé, op. cit., p. 82.<br />

6 Christophe Charle, Le siècle de la presse (1830-1939), Seuil, collection L’Univers historique, 2004,<br />

p. 143.<br />

7 Ibid.<br />

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