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Et il ne changera guère de positionnement lors de son travail critique à La Revue blanche<br />

puisqu’il écrit dans sa bibliographie de La Fiancée du scaphandrier de Franc-Nohain et Claude<br />

Terrasse : « La musique de Claude Terrasse est, comme toujours, du Claude Terrasse : je pense<br />

qu’il n’y a pas de comparaison meilleure pour l’auteur des Travaux d’Hercule et de Pantagruel. 1 »<br />

Si Jarry a pu très probablement s’inspirer précisément de Gourmont, étant donné les liens qui<br />

existaient entre eux et l’influence qu’a eue, notamment, « L’Art Libre et l’esthétique individuelle »<br />

sur son œuvre, il ne faut pas minimiser non plus le fait que cet avis était alors répandu.<br />

De la même façon, Camille Mauclair écrit par exemple dans Le Mercure de France en 1894 : « Il<br />

y a une chose incontestable, c’est que Saint-Pol-Roux a son art à lui : personne aujourd’hui ne<br />

ferait ce qu’il fait, et on ne lira jamais dix lignes de lui sans l’y retrouver tout entier. Je ne sais rien<br />

de plus précieux pour un artiste […] 2 ».<br />

1. 2. Formes de comparaison néanmoins possibles ?<br />

Si la comparaison n’est pas possible, alors la critique dans son ensemble (pas seulement la<br />

critique scientifique) perd tout son sens et jusqu’à sa légitimité (le lecteur ne pouvant guère se<br />

reporter à un substitut, une médiation, un filtre, un conseil, étant forcé à chaque fois de se<br />

reporter au livre pour précisément le lire), puisqu’elle se construit en grande partie sur ce principe<br />

qui la constitue intrinsèquement comme modalité du jugement (celui-ci ne pouvant s’exprimer ex<br />

nihilo), ce qu’exprime implicitement Jarry dans son compte rendu de Le Singe, l’Idiot et autres gens de<br />

W. C. Morrow paru dans La Revue blanche du 1 er août 1901 : « […] les récits de Morrow so[n]t une<br />

chose si neuve, qu’il est inutile d’y chercher des comparaisons. […] [A]ucune critique ne donnera<br />

idée du livre de Morrow si on ne le lit, car on n’a encore rien écrit de pareil. 3 »<br />

Si « aucune critique » n’est possible, c’est bien toute la critique qui dans ses modalités les plus<br />

diverses s’effondre : Jarry avec cette formulation apparemment anodine fait ainsi beaucoup plus<br />

que simplement radicaliser, par le biais de la prétérition (car il rédige bien une critique, et en outre<br />

risque plusieurs comparaisons), une modalité d’éloge alors fort courante, lorsqu’elle cherche à<br />

s’exprimer emphatiquement et chaleureusement (tonalité naissant de l’enthousiasme de la lecture<br />

ou des liens amicaux existant entre le critique et l’auteur), ainsi qu’en témoigne par exemple<br />

Beaubourg dans son compte rendu de L’Elite de Paul Radiot (Dentu) inséré dans Le Mercure de<br />

1 OC II, p. 648.<br />

2 Le Mercure de France, n° 49-52, tome X, janvier-avril 1894, p. 83.<br />

3 OC II, p. 622.<br />

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