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dans un souci de conformer son discours à l’horizon d’attente qui émane de la revue qui<br />

l’emploie, son travail de critique étant avant tout alimentaire. C’est à la suite de ce constat semble-<br />

t-il que Henri Bordillon, au sein de l’édition Pléiade, observe que « [d]e l’ensemble important de<br />

pages que nous publions ici sous le titre Textes critiques et divers, il n’y a finalement que peu à<br />

dire. 1 »<br />

Implicitement, Bordillon considère ainsi que l’ensemble des comptes rendus est une œuvre<br />

mineure, travail uniquement alimentaire, l’essentiel demeurant, en partie du moins pour Jarry,<br />

d’« annoncer la publication d’un livre […] 2 ».<br />

Du reste, les autres éditeurs des textes critiques de Jarry, hormis Sylvain-Christian David en<br />

ce qui concerne la critique picturale 3 , mettent implicitement en avant le fait qu’il s’agit d’une<br />

œuvre subsidiaire de Jarry, de par leur choix de titre. Ainsi, Michel Décaudin nomme<br />

« Compléments » le choix de critiques littéraires de Jarry qu’il donne à la suite de La Chandelle<br />

verte 4 et Maurice Saillet choisit à dessein le terme « annex[e] » dans le titre qu’il donne à l’ensemble<br />

des « Textes critiques et divers » : « Spéculations annexes, Notes sur des livres et des spectacles,<br />

Réponses à des enquêtes, etc. » 5 .<br />

Si Bordillon – et en un certain sens jusqu’à l’ensemble des éditeurs des « Textes critiques et<br />

divers » – considèrent que cet ensemble est une œuvre mineure, l’on ne peut néanmoins pas<br />

parler d’œuvre mineure en soi bien évidemment (ce qui ne signifierait rien). L’on peut<br />

uniquement parler d’œuvre mineure eu égard à l’œuvre complète : « lorsque l’on distingue entre<br />

œuvres majeures et mineures, on définit bien une relation hiérarchique, au sens fort : l’assignation<br />

d’un rang s’y fait sous condition d’une unité préexistante, qui est celle de l’œuvre [complète]. Cela<br />

ne signifie pas [bien sûr] que chaque fois qu’on distingue entre œuvres majeures et mineures, on<br />

fasse une théorie, explicite et conséquente, de l’unité de l’œuvre [complète] et de la façon dont<br />

elle englobe des contraires, mais plutôt que la distinction entre œuvres majeures et œuvres<br />

mineures fait fonctionner une relation hiérarchique 6 ».<br />

Ce sont les conditions d’émergence des textes critiques parus dans La Revue blanche qui ont,<br />

semble-t-il, pour Bordillon, façonné cette caractéristique d’œuvre mineure. En somme, est en<br />

cause ici le fait que la critique littéraire soit un travail alimentaire, le compte rendu étant voué à<br />

1<br />

OC II, p. 940.<br />

2<br />

Id., p. 941.<br />

3<br />

Voir L’Étoile-Absinthe, n° 9-12, « Alfred Jarry, Pont-Aven et autres lieux », Société des amis<br />

d’Alfred Jarry, 1981.<br />

4<br />

Voir Alfred Jarry, « [Compléments] », Bouquin, p. 1116-1131.<br />

5<br />

Voir Alfred Jarry, « [Spéculations annexes, Notes sur des livres et des spectacles, Réponses à des<br />

enquêtes, etc.] », La Chandelle Verte, lumières sur les choses de ce temps, op. cit., p. 521-679.<br />

6<br />

Catherine Larrère, « Foucault, critique des hiérarchies littéraires », Dir. Catherine Volpilhac-<br />

Auger, Œuvres majeures, œuvres mineures ?, Lyon, ENS Éditions, collection Signes, 2004, p. 22.<br />

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