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que des cadres arbitraires accueillant des personnages qui n’en sont pas 1 , une histoire qui n’en est<br />

jamais tout à fait une 2 , une construction qui n’est, semble-t-il bien souvent, qu’attelle pour l’œil du<br />

lecteur, un nombre de pages édicté par le temps consacré à l’écriture…<br />

L’œuvre péladanesque, même si elle a pu fasciner Jarry, interdit tout emprunt, car il serait<br />

trop marqué esthétiquement (le style de Péladan, éclatant de maniérisme sentimental, un<br />

maniérisme aiguisé plus qu’étouffé par l’obscurité métaphysique, est reconnaissable à chaque<br />

phrase) et incompréhensible hors contexte (on peut aller jusqu’à dire qu’un volume de La<br />

Décadence latine ne peut être compris s’il est lu indépendamment des autres ; tous les volumes de<br />

l’éthopée en forment en réalité un seul 3 . Celle-ci se divise d’elle-même spontanément en plusieurs<br />

blocs 4 ).<br />

La réapparition, d’un roman à l’autre, de héros romanesques dont le plus connu est<br />

Merodack, tisse en outre le lien indispensable – un lien factice, fait d’emprunts, n’ayant pour but<br />

que de rappeler au lecteur l’unité de l’œuvre de Péladan et par conséquent de sa pensée – entre<br />

tous les romans de l’éthopée.<br />

Il n’y a pas irruption du singulier littéraire de Péladan ou de la personnalité publique du mage<br />

dans l’œuvre jarryque mais souvenance littéraire floue d’un continent littéraire qui l’a très<br />

certainement marqué et que fut pour lui l’éthopée.<br />

3. 3. 7. 4. Traits empruntés qui sont communs à l’idéalisme.<br />

Aussi, si Jarry emprunte à Péladan, ce sont surtout des traits souvent communs à la fin-de-<br />

siècle qui se cristallise pour Jarry principalement en la communauté littéraire constituée par Le<br />

Mercure de France à laquelle appartient, de fait, l’auteur des Minutes : ce sont, en somme, des affinités<br />

qu’il éprouve, celles-ci entrant en tout point en correspondance avec ce qu’il reconnaît en lui-<br />

même comme son identité littéraire (ou, plus exactement, avec ce qu’il veut être tel, car son<br />

identité est constamment en construction – et par conséquent à construire –, n’étant jamais figée,<br />

1 L’auteur se cache derrière chacun d’eux, sans du reste chercher à se dissimuler ; ils permettent à<br />

la pensée de Péladan d’évoluer théâtralement, sous couvert de dialogues, non pas tant de se<br />

constituer peu à peu, mais de prouver son bien-fondé, son inéluctable vérité : aussi Péladan met-il<br />

toujours en scène le maître (mage, génie, ou prêtre) et le disciple (le plus souvent la femme<br />

aimante).<br />

2 Excepté dans le premier volume, Le Vice suprême, qui ne porte à vrai dire que les germes de tout<br />

ce qui fera la spécificité des volumes futurs.<br />

3 Voir (notamment) Péladan, La Décadence latine, éthopée [V], Istar, op. cit., p. 240 : « vous qui n’avez<br />

qu’un roman à travers vos romans, votre rêve personnel… »<br />

4 Id., p. XIII : « Curieuse, l’Initiation sentimentale et À cœur perdu ne sont que trois parties d’un même<br />

livre, les trois actes des trois mêmes héros… »<br />

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