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ce qui n’est nullement paradoxal, son identité, – comme nous l’avons souligné à plusieurs reprises<br />

au cours de ce travail –, dans sa construction même, se confondant, du moins prétendument,<br />

avec celle de la communauté d’auteurs fantasmée par l’auteur d’ « Haldernablou » à laquelle il<br />

cherche absolument à appartenir), clôture s’affirmant jusque dans le tour stylistique que prend le<br />

compte rendu et qui se veut, en un certain sens, posture de l’élite littéraire (dont Jarry veut<br />

s’affirmer partie prenante) qui se refuse à l’ordinaire du goût et à « l’universel reportage » (comme<br />

déjà signifié).<br />

La critique devient part de l’œuvre personnelle de son auteur, ne s’adressant en définitive<br />

nullement d’abord au lectorat de la revue, celui-ci fût-il éminemment restreint comme à L’Art<br />

littéraire.<br />

Ériger le compte rendu au rang de poème en prose aussi voire plus indéchiffrable que l’œuvre<br />

évoquée et s’affirmant dans une singularité qui n’a aucun rapport avec l’œuvre chroniquée, cela<br />

revient pour Jarry à se poser, invariablement, la question suivante : « entre l’élite à laquelle les<br />

nouvelles esthétiques […] s’adresse[nt] et le grand public, est-il vraiment possible et vaut-il la<br />

peine de jouer le rôle d’intermédiaire, voire de traducteur 1 », en somme est-il nécessaire et même<br />

possible d’être « un » critique ?<br />

À La Revue blanche au contraire, l’auteur du Surmâle s’inscrit dans une logique d’ouverture et<br />

d’accession à un large lectorat qui est propre au fonctionnement de La Revue blanche (comme de<br />

toute revue qui parvient à la reconnaissance importante du public), se plaçant précisément dans la<br />

lignée de Léon Blum : « De 1896 à 1900, les chroniques des romans présentent plus de cent<br />

cinquante ouvrages de cent vingt auteurs. Elles constituent le plus gros bataillon de publications<br />

de Léon Blum à La Revue blanche. 2 »<br />

Jarry ne fait pas du reste que se placer dans la lignée de Blum : il répond aux exigences les<br />

plus répandues de la critique, comme le constate Van Bever le 5 juin 1901 : « En l’absence de M.<br />

Vallette, je m’empresse de vous informer que votre volume est enfin achevé d’imprimer et va<br />

paraître cette semaine en librairie. [...] Nous ferons, selon votre désir, un service aux journaux et<br />

revues qui consacrent une place à la bibliographie, service restreint, une trentaine d’exemplaires<br />

environ, car les critiques ou bibliographes sont rares qui consentent à écrire sur les livres de<br />

vers 3 ».<br />

1 Id., p. 162.<br />

2 BOURRELIER, p. 158.<br />

3 L’Etoile-Absinthe, n° 7-8, Rennes, Société des amis d’Alfred Jarry, décembre 1980, p. 23.<br />

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