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apportés de travers, – et cela ne laisse pas que de mettre en défiance. Si M. Zola avait eu de tels<br />

recueils pour l’histoire de son insupportable famille, que de gaffes évitées ! 1 »<br />

Jarry radicalisera encore davantage cette conception de Gourmont en écrivant dans sa<br />

chronique « Livres d’enfants » parue quant à elle dans La Plume le 1 er juillet 1903 (si Jarry s’est<br />

effectivement inspiré de cet épilogue pour « La Vérité bouffe », alors celui-ci était encore<br />

fortement présent dans son esprit lors de l’écriture de « Livres d’enfants », étant donné le fait que<br />

les deux chroniques sont publiées à seulement un mois de distance), donnant sa propre<br />

transcription de la définition gourmontienne « recueil […] de faits […] pour la plupart<br />

inexpliqués » : « Puisque l’Histoire, avec un grand H, n’est que le ressouvenir des contes<br />

d’enfants, mis à la portée des grandes personnes, celles-ci, assurément, s’offriraient une plus<br />

profitable lecture en retournant à leurs premières chimères, les moins chimériques ».<br />

S’il s’agit pour Gourmont ou Jarry de combattre la vérité historique, c’est afin de poser la<br />

question suivante, en cette fin-de-siècle, où il est difficile de ne pas frayer avec le discours<br />

dominant, le discours scientifique reclus dans son dogmatisme : comment être libre, quand on ne<br />

peut faire l’impasse sur un discours qui se sait, qui se pense habit rhétorique de la Vérité, et qui<br />

montre l’audace, l’outrecuidance de qui se sait tel ?<br />

Jarry répondra à cette question en s’inscrivant en faux contre la logique au sein des<br />

chroniques qui constituent l’ensemble de La Chandelle verte, utilisant ses armes, la viciant ainsi de<br />

l’intérieur. Jarry, en montrant l’arbitraire de toute logique, cherche à faire prendre conscience le<br />

lecteur de sa dangerosité car elle conduit l’homme à une seule façon de voir.<br />

4. 2. Proximité de la science historique avec la science de la littérature.<br />

En outre, la vérité historique était également inséparable, en une certaine part du moins, de la<br />

vérité d’un discours critique sur la littérature, d’une science de la littérature en somme, c’est-à-dire<br />

de la critique qui s’institutionnalise au XIX° siècle (Thibaudet formule en 1922 : « [a]vant le XIX°<br />

siècle il y a des critiques. Mais il n’y a pas la critique 2 »).<br />

Et Jarry, suivant en cela une idée alors répandue, relie indubitablement (lequel lien n’est pas<br />

seulement dû, bien évidemment, aux travaux de Brunetière), même si c’est avec une certaine dose<br />

d’implicite, l’historien et le critique, l’un et l’autre ayant, quand bien même c’est à des niveaux<br />

différents, figure de savants (hors la sphère, rappelons-le, de la critique impressionniste), dans sa<br />

chronique « L’erreur judiciaire » parue dans Le Canard sauvage du 20-26 septembre 1903 : « Les<br />

1 Le Mercure de France, n° 45-48, tome IX, septembre-décembre 1893, p. 280.<br />

2 Propos cité par Vincent Engel, Histoire de la critique littéraire des XIX°et XX° siècles, Belgique,<br />

Bruylant-Academia, 1998, p. 5.<br />

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