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l’occurrence, ne serait-ce qu’en partie, vers une autre individualité créatrice : l’illustrateur – d’où,<br />

en définitive, le haut (ne serait-ce que fantasmatiquement) péril pour l’écrivain, indépendamment<br />

du péril que peut représenter pour son œuvre une lecture graphique face à elle dissonante<br />

s’affirmant de façon singulièrement et outrageusement unitaire.<br />

Ainsi un dialogue dissonant mais fécond comme celui qui unit Rops et Péladan n’est-il pas<br />

souhaité par tous. Rops va jusqu’à écrire à Péladan : « Votre statue d’Eros masculine<br />

« verticalement » & féminine, aussi n’est point facile à rendre. Je ferai peut-être une femme nue<br />

une lanterne à la main cherchant « un homme » 1 ».<br />

Cette licence de liberté que peut, de facto, s’autoriser tout artiste plasticien, qui fait toujours<br />

œuvre solitaire face au texte, quand bien même il peut être guidé par l’auteur de celui-ci, semble<br />

être un affront fait à l’intégrité du texte.<br />

Il ne saurait ainsi y avoir sinon fusion entre le texte et l’illustration du moins étreinte<br />

suffisante pour qu’ils semblent part du même élan originel créateur, comme c’est le cas lorsque<br />

l’auteur lui-même illustre son texte, ainsi que le fait Jarry au sein des Minutes ou de César-Antechrist,<br />

c’est-à-dire, plus véritablement, ainsi qu’il augmente la polysémie propre aux proses et poèmes au<br />

moyen de l’altérité du signe graphique qui résiste toujours en une part à l’interprétation,<br />

plongeant le texte dans un dialogue ouvert avec l’image qui lui répond autant qu’elle l’augmente,<br />

un dialogue ouvrant l’image sur une multiplicité sémantique contenue dans le texte et le texte sur<br />

une pluralité de correspondances visuelles contenue possiblement dans l’image – mais le seul fait<br />

que cette multiplicité puisse être présente la rend présente de fait, en mettant en branle la<br />

machine interprétative propre au regard vrillé à l’intellection de telle sorte que celui-ci n’en finisse<br />

jamais de tisser de nouveaux liens entre l’image et le texte, qu’ils soient plausibles ou non.<br />

Aussi, Camille Mauclair écrit dans Le Soleil des Morts, résumant un topos : « l’illustration n’est<br />

qu’un spectacle à côté du texte, et lui nuisant plutôt, comme il arrive en général 2 ».<br />

3. 3. Rejet de l’illustration.<br />

La méfiance exprimée généralement vis-à-vis de l’illustration peut conduire au rejet pur et<br />

simple, ce que résume parfaitement Rachilde en la phrase qui clôt son compte rendu de La<br />

danseuse de Pompeï de Jean Bertheroy inséré dans Le Mercure de France en 1899 : « Quand les auteurs<br />

comprendront-ils que le meilleur illustrateur c’est encore leur style ? 3 ».<br />

1<br />

Félicien Rops, Joséphin Péladan, Correspondance, édition présentée et annotée par Hélène<br />

Védrine, Séguier, 1997, p. 20.<br />

2<br />

Romans Fin-de-Siècle, op. cit., p. 871.<br />

3<br />

Le Mercure de France, n° 109-111, tome XXIX, janvier-mars 1899, p. 754.<br />

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