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esoin d’attendre quelque surcroît de beauté, qu’ils sont incapables de lui fournir aujourd’hui,<br />

mais que lui réserve le futur. On ne fait pas grand, on laisse grandir. 1 »<br />

Cet accroissement de beauté permet à l’œuvre de ne pouvoir être envisagée que comme<br />

œuvre en puissance, comme déjà signifié, de ce fait jamais comme unité qui puisse être envisagée<br />

par l’intellection et de laquelle on puisse tirer des conclusions, des théories, des jugements.<br />

L’erreur du critique serait justement de considérer l’œuvre comme finie, un point de vue<br />

critique ne pouvant que se construire sur un ensemble, et ainsi sur une œuvre finie, même si elle<br />

reste virtuellement en construction, et de ce fait ne faire que passer à côté des beautés,<br />

possiblement plus criantes, de l’œuvre à venir, qu’il n’est bien sûr possible d’envisager que comme<br />

simple possibilité, éventualité. Dans « Ce que c’est que les ténèbres », Jarry écrit : « Et quand [les<br />

auteurs] ont parachevé ce qui pour l’être vivant serait l’apothéose, peut-être alors seulement ils<br />

démarrent ? 2 »<br />

2. 2. 3. L’impasse que représente la critique avant-courrière ?<br />

2. 2. 3. 1. Le critique comme découvreur et guide.<br />

L’auteur de La Chandelle verte retire bien évidemment à la critique son droit d’être judicatrice<br />

mais va en outre ainsi jusqu’à lui retirer sa possibilité d’être avant-courrière, c’est-à-dire d’avoir<br />

comme fonction première d’encourager l’émergence du talent qui a pu être lu en filigrane, être<br />

proprement deviné, à travers l’œuvre appréhendée, bien qu’il ait pratiqué cette forme de critique<br />

très épisodiquement à ses débuts, écrivant dans son compte rendu de Fusains, « poésies » de Jean<br />

Volane : « Poète de talent à encourager si sa grisaille est voulue – et elle peut l’être si l’on « n’y<br />

souffle pas trop dessus » – et qui a su quelques trouvailles [...] 3 ».<br />

La critique avant-courrière naît communément de Sainte-Beuve : « On trouve […] chez<br />

Sainte-Beuve une critique de la compréhension, délicate, insinuante et mobile, expression parfaite<br />

de l’esprit romantique de la diversité, se voulant accueillante à toutes les originalités. Une telle<br />

critique ne se contente pas d’accueillir : elle cherche avec curiosité toutes les formes nouvelles de<br />

talent et elle se complaît, « critique avant-courrière », à découvrir les esprits qui n’ont pas encore<br />

donné leur mesure : quel triomphe pour elle si ces esprits atteignent le plein éclat de la gloire ! 4 »<br />

1<br />

OC II, p. 203.<br />

2<br />

Id., p. 433.<br />

3<br />

OC I, p. 1006.<br />

4<br />

Raphaël Molho, La critique littéraire en France au XIX° siècle, ses conceptions, Buchet / Chastel,<br />

collection Le vrai savoir, 1963, p. 17.<br />

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