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devant être source de progrès et de bien-être général) pour l’imposer au monde comme s’il<br />

s’agissait d’une autre norme, impraticable, car, en un certain sens, divine.<br />

C’est aussi le cas de Messaline, en proie à l’Absolu par le biais de Priape qui en est alors le<br />

symbole, mais également de Sacqueville dans la façon qu’il a de renverser les normes rattachées<br />

aux principes gouvernant l’armée et ce qu’elle met en œuvre, à savoir les batailles, imposant à tous<br />

sa propre norme « mathématique » lors de la « bataille de Morsang ».<br />

C’est encore le cas de Sengle dans la façon qu’il a de se libérer des principes (valeurs et lois<br />

suscitant une forme d’emprisonnement) émanant du milieu de l’armée, mais, là encore, jouant sur<br />

le « monde » dans sa totalité, imposant d’une certaine façon à tous sa propre forme d’idiosyncrasie,<br />

le monde lui apparaissant tel qu’il lui semble pouvoir se tenir à son « gouvernail ».<br />

Lucien lui-même, dans L’Amour en visites, va jusqu’à vouloir influer sur le cours inéluctable de<br />

l’univers puisqu’il affirme pouvoir modifier la forme des étoiles, renversant la réalité pressentie<br />

commune : « Couchons-nous de notre long. Les étoiles sont semblables aux échidnes vertes des<br />

châtaignes, leurs petits rayons aigus vous entrent dans les yeux. Je fermerai donc les yeux, et,<br />

chose des plus normales, ce seront mes cils qui crèveront les étoiles. 1 »<br />

C’est dans sa façon de renverser la norme instituée au point d’imposer une nouvelle norme<br />

(paradoxalement impraticable) à tous, même si c’est pour qu’elle soit aussitôt niée (ainsi Marcueil<br />

et Messaline sont-ils mis à mort), que le monstre, et avec lui le géant, sont « originale inépuisable<br />

beauté 2 », comme l’écrit Jarry dans le second numéro de L’Ymagier consacré aux « Monstres ».<br />

16. Glumdalclitch est un personnage swiftien, jeune géante présente dans Brobdingnac, pays du<br />

reste entièrement peuplé de géants (voir Voyage à Brobdingnac).<br />

Jarry fait notamment allusion au passage suivant de cet ouvrage (qu’il a pu lire dans l’édition<br />

publiée chez Boulanger en 1893) : « Les Filles de la Reine prioient fouvent Glumdalclitch de venir<br />

dans leurs appartemens, & de m’y porter avec elle, pour avoir le plaifir de me voir de près & de<br />

me toucher. Souvent elles me dépouilloient de mes habits, & me mettoient nud de la tête<br />

jufqu’aux pieds, pour mieux confiderer la délicateffe de mes membres. En cet état elles me<br />

flâtoient, me mettoient quelquefois dans leur fein, & me faifoient mille petites careffes. Mais<br />

aucunes d’elles n’avoit la peau fi douce que Glumdalclitch. 3 »<br />

Le rapprochement opéré par Jarry tient notamment à ces deux passages extraits de « Les<br />

Aventures de Hassân Al-Bassri » (nous soulignons) : « Lorsque la fille du roi vit Hassân, elle fut<br />

charmée de sa figure et de ses formes jolies, et se mit à lui faire mille caresses et à le gâter de<br />

1 OC I, p. 892.<br />

2 Id., p. 972.<br />

3 Jonathan Swift, Voyages de Gulliver, volume 1, 1727, p. 199.<br />

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