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même… La science cherche le général […] 1 » ; remarquons que ce propos a pu doublement<br />

alerter l’auteur des Minutes puisque c’est en réalité un extrait de Cœur double qui paraît chez<br />

Ollendorff en 1891.<br />

— La ’Pataphysique comme fruit d’une distanciation opérée face à Bergson ?<br />

Mais il faut insister sur le fait que cette idée n’appartenait, bien évidemment, pas en propre à<br />

Schwob. Edmond Goblot dans son Essai sur la Classification des sciences paru en 1898 énonce ainsi,<br />

par exemple : « Chaque science s’élève, dans le domaine qui lui est propre, aux plus hautes<br />

généralités possibles […] 2 ».<br />

C’est pourquoi une autre source possible que Schwob dans l’élaboration du système de<br />

pensée qu’est la ’Pataphysique demeure Bergson, Jarry s’opposant au propos de l’auteur de<br />

Matière et Mémoire avec lequel il prend, ici plus que jamais, ses distances. « [L]a science a […] pour<br />

domaine la région des idées générales 3 », énonce ainsi Bergson dans le cours qu’il dicte à Jarry à<br />

Henri IV. Bergson insiste sur cette idée en répétant que « [t]oute science […] porte sur des idées<br />

générales. 4 » « Les anciens, depuis Socrate, ont montré que connaître scientifiquement, c’est<br />

connaître par idé[e]s générales, c’est démêler dans l’infime multiplicité des objets individuels des<br />

genres et des espèces ; c’est comparer ces genres entre eux, en déterminer les rapports de parenté,<br />

et retrouver ainsi dans les choses l’ordre de la pensée. « Il n’y a de science, dirait Aristote, que du<br />

général. » 5 »<br />

Mais en quoi justement Jarry s’oppose-t-il à Bergson, celui-ci ne faisant apparemment<br />

qu’énoncer des faits, avec l’objectivité dont semble pétri son cours 6 ?<br />

En réalité, Bergson défend bien au sein de son enseignement cette conception<br />

intrinsèquement constitutive de l’identité de la science (c’est-à-dire de toute science), car, selon<br />

lui, « [s]eule l’idée générale est claire, distincte, et notre entendement ne procède et ne peut<br />

procéder que par idées générales. 7 »<br />

1<br />

Le Mercure de France, n° 37-40, tome VII, janvier-avril 1893, p. 234.<br />

2<br />

Edmond Goblot, Essai sur la Classification des sciences, Félix Alcan, collection Bibliothèque de<br />

Philosophie contemporaine, 1898, p. 9.<br />

3<br />

Cours Bergson, Cahier A, 1892-1893, Ms 21130-B’-I-13 (2/6) A, Fonds Jacques Doucet, p. 183.<br />

4<br />

Id., p. 184.<br />

5<br />

Id., p. 183.<br />

6<br />

Ce qui est loin d’être le cas, si l’on se réfère notamment aux passages qui vantent l’idée du bien<br />

ou celle de la patrie, pour ne citer que ces deux exemples.<br />

7<br />

Id., p. 184.<br />

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