30.06.2013 Views

thèse

thèse

thèse

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

est offerte au savoir de transformer les modalités d’un discours encyclopédique extrêmement<br />

resserré en manière d’éveil sans cesse relancé pour l’imaginaire.<br />

Ainsi, le raccourci, lorsqu’il est obscur, ouvre sur l’insuffisance où se tient le compte rendu<br />

de dire quelque chose d’une œuvre et des savoirs sur lesquels elle se construit, tout en ouvrant sur<br />

une chambre d’échos – laquelle est fonction de la psyché de chaque lecteur – mettant en branle<br />

d’une part la capacité mémorielle du lecteur dans la façon qu’il a d’opérer constamment des<br />

associations d’idées, d’autre part son imaginaire qui cherche ou bien à cristalliser un sens (un<br />

déploiement sémantique) à partir de concrétions – semblant orphelines – de savoir, ou bien à se<br />

servir de ce qu’il identifie comme étant la possibilité qui lui est offerte de vivre intégralement sa<br />

vie d’imaginaire et par conséquent d’évoluer jusque dans la rêverie la plus autosuffisante qui soit.<br />

2. 3. Volonté qu’a Jarry de renouer avec sa première méthodologie critique ?<br />

L’auteur de La Chandelle verte rejoint ici la méthodologie qu’il pratiquait pendant sa première<br />

période en ce qui concerne son travail de critique (la seconde correspondant au temps de La<br />

Revue blanche), au cours de laquelle il s’agissait pour lui de tirer le compte rendu irrémédiablement<br />

du côté du poème en prose, de se servir du livre à chroniquer comme tremplin ou simple prétexte<br />

pour élaborer une œuvre poétique ou fictionnelle resserrée qui puisse renvoyer à l’ipséité d’auteur<br />

du critique et non à l’auteur du livre chroniqué ou au livre dont il s’agit pourtant apparemment de<br />

rendre compte, comme le résume de façon très parlante Jarry dans sa lettre à Edouard Julia<br />

(« condiscipl[e] d’Henri IV », l’ « exact contemporain [de Jarry], né en 1873 1 ») du 8 septembre<br />

1894, sollicitant auprès de lui un compte rendu des Minutes, ne formulant pas semblable requête<br />

auprès de son « alter ego Fargue 2 », sans doute parce que la force du discours critique de celui-ci<br />

serait atténuée par le fait alors apparent du copinage : « Je voudrais vous demander quelque chose<br />

[…] j’aimerais quelques lignes de vous (quoique vous dédaigniez les revues) pour l’Art Littéraire.<br />

Lormel m’a demandé de faire lui-même ce petit article, mais je préférerais quelqu’un d’autre ou<br />

plus justement quelqu’un, et qui fût assez pour ne parler ni de moi ni du livre. 3 »<br />

Aussi, ce qui avait valeur alors pour Jarry dans les modalités d’un énoncé critique n’est pas<br />

tant ce que le critique parvient à extraire de l’ouvrage qu’il chronique que la manière suivant<br />

laquelle il conjugue un regard singulier sur l’œuvre.<br />

Il ne s’agit pas pour le critique de faire affleurer la singularité du propos de l’œuvre en<br />

cherchant à s’effacer derrière elle comme le fera le plus souvent Jarry (c’est du moins ce qui<br />

1 BESNIER, p. 98.<br />

2 Id., p. 163.<br />

3 OC I, p. 1307. Voir aussi BESNIER, p. 163.<br />

1194

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!