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et d’abord quelqu’un qui crée, vantant alors par le biais de la litote la valeur de son œuvre et la<br />

capacité qui est la sienne de pouvoir (pouvoir indique une virtualité, mais également promet en<br />

creux qu’elle sera actualisée) réaliser des œuvres exceptionnelles, vantant en somme la valeur en<br />

puissance de l’œuvre autant que l’œuvre (déjà accomplie) qui témoigne de cette valeur.<br />

2. 6. Glorification de la puissance en expansion de l’écrivain.<br />

En somme, il s’agit bien de la glorification d’un écrivain, comme cela était déjà perceptible<br />

avec Péladan, c’est-à-dire du déploiement d’une même exégèse concernant les œuvres passées,<br />

présentes et futures – et en les vantant, il s’agit de mettre en avant le talent qui est propre à<br />

l’auteur et qui n’est pas réductible à une seule œuvre (pas plus, du reste, qu’a un ensemble<br />

d’œuvres) au point qu’il ne saurait trouver une parfaite empreinte dans autre chose qu’une<br />

virtualité (perçue comme altière) par quoi l’œuvre peut se continuer indéfiniment, et ainsi<br />

atteindre toute puissance rêvée.<br />

Pour Jarry, glorifier, c’est émettre une louange concernant cette virtualité à l’occasion d’une<br />

actualisation partielle de celle-ci (une parution) ; aussi ne s’agit-il nullement de critique ou même<br />

de commentaire pénétré de neutralité, l’ouvrage demeurant second, n’étant que le signe de la<br />

puissance indéfinie (et indéfinissable) de l’auteur qu’il s’agit pour Jarry de signaler (de mettre en<br />

avant) mais aussi de signifier – d’où l’utilisation, récurrente, comme nous l’avons vu, de<br />

l’hyperbole, qui est seule à même, de par son intensité, de pouvoir mettre l’accent justement sur la<br />

puissance de cette virtualité.<br />

Si l’auteur de Messaline affirme qu’il ne dissèque pas « les auteurs vivants », c’est aussi parce<br />

que l’acte critique relatif à une œuvre plongée dans la virtualité constituée par la puissance de son<br />

auteur nierait cette virtualité puisqu’il lui retirerait son pouvoir indéfini (et donc, pour Jarry, infini)<br />

d’expansion, lequel ne peut qu’excéder toute œuvre singulière et ne peut, de fait, qu’être approché<br />

au moyen de l’étude de l’œuvre complète (affirmation qu’il conviendra par la suite de nuancer),<br />

laquelle ne le sera bien évidemment qu’avec la mort de son auteur (celle-ci faisant sens d’abord en<br />

tant que clôture de l’œuvre et actualisant entièrement cette virtualité : elle peut alors être étudiée,<br />

non plus en tant que virtualité, mais bien en tant qu’œuvre) – d’où l’impossibilité où se situe le<br />

critique d’émettre le moindre jugement critique concernant une œuvre, ou même un ensemble<br />

d’œuvres, d’un « auteu[r] vivan[t] 1 » (ensemble qui sera aussi peu parlant qu’une œuvre seule,<br />

puisqu’il ne correspond à aucune délimitation qui ne soit pas arbitraire, l’œuvre se continuant au-<br />

delà).<br />

1 Id., p. 433.<br />

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