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la représentation vantés : elle est aujourd’hui totalement vaine, la réclame ne portant plus. 1 »<br />

Ainsi, « nulle part dans les journaux on ne lit plus les livres 2 », « [l]es chroniqueurs » étant « gagés<br />

pour avoir l’air de s’occuper des livres, d’en rendre compte 3 », est-il souvent répété.<br />

Vallette ne fait pas ici référence semble-t-il au fait que les rubriques littéraires que comporte<br />

la presse provinciale « reprennent » le « plus souvent » ou « démarquent les critiques de Paris. 4 »<br />

Le directeur du Mercure de France stigmatise par cette formule, peut-on penser, la façon dont<br />

l’article critique au sein du journal, « laissant de côté les exigences méta-textuelles qui devraient en<br />

toute logique générique asseoir la légitimité du critique, se déploie comme expérience narrative, le<br />

plus souvent romanesque. Loin d’expliquer ou de juger, le critique littéraire du journal se<br />

substitue souvent à l’écrivain, pour proposer des fragments de fiction, accréditant dans une<br />

certaine mesure les reproches dont le couvrent les écrivains consacrés. Le support journalistique<br />

engage […] le développement d’une écriture narrative spécifique, articulée sur le détour et sur la<br />

lacune. 5 » Ce mode d’existence spécifique à la critique littéraire au sein des journaux, bien qu’il ne<br />

soit pas du reste unique en ceux-ci, tient certainement à la rivalité, à la concurrence existant entre<br />

le journal et le livre 6 .<br />

En outre Vallette met-il peut-être aussi en avant la façon suivant laquelle les critiques<br />

journalistiques se contentent, selon le mot répandu dans les salons des petites revues et approuvé<br />

par le directeur du Mercure de France, de publier un passage des prières d’insérer 7 des livres retenus,<br />

« ces petits papiers » que les auteurs « rédigent pour la presse 8 ». Même si cette pratique est, il est<br />

vrai, répandue, elle n’est pas généralisée, loin de là.<br />

Vallette se place ici pleinement dans la mouvance propre au symbolisme : « quelle est<br />

l’attitude des symbolistes vis-à-vis du personnel chargé de la diffusion de la culture et de<br />

l’administration de la justice littéraire ? Ils prennent résolument parti contre […] les insuffisances,<br />

les facilités […] 9 » de la critique des journalistes.<br />

On le voit : les a priori concernant la critique se développant dans les journaux sont tous<br />

négatifs auprès des littérateurs. Si c’est le cas, c’est en partie, indépendamment du fait que ces<br />

remarques sont, dans une certaine mesure, justifiées, parce que la critique subit bien évidemment<br />

1<br />

Le Mercure de France, n° 41-44, tome VIII, mai-août 1893, p 237.<br />

2<br />

Le Mercure de France, n° 29-32, tome V, mai-août 1892, p. 73.<br />

3<br />

Alfred Vallette, « Sanglots dans la Boutique », Le Mercure de France, n° 19-24, tome III, juilletdécembre<br />

1891, p. 151.<br />

4<br />

NORDMANN, p. 93.<br />

5<br />

Marie-Françoise Melmoux-Montaubin, op. cit.<br />

6<br />

Ibid.<br />

7<br />

Voir Le Mercure de France, n° 29-32, op. cit.<br />

8 Ibid.<br />

9 CARAMASCHI, op. cit.<br />

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