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(Girard) ; L’Employée, par Charles de Rouvre (Bibliothèque des Modernes). 1 » Jarry rend compte<br />

en effet de deux ouvrages sur six puisqu’outre Le Cycle sera chroniqué l’ouvrage intitulé<br />

L’Employée tandis que Fargue s’empare quant à lui de Premières lueurs sur la Colline.<br />

— Écriture du silence.<br />

L’aspect le plus saillant du recueil titré Le Cycle, que Jarry met en avant dans sa précédente<br />

prise de parole publique (qu’est nécessairement un compte rendu) sur le travail littéraire de<br />

Trachsel, est la volonté où se tient celui-ci d’écrire le silence : ce recueil apparaît ainsi en partie<br />

comme une tentative d’écriture du silence par l’intermédiaire de la perpétuation des points de<br />

suspension, qui se répandent à foison et sans aucune limite semble-t-il de prime abord.<br />

Dans Le Cycle se lit une volonté de laisser poindre la « raréfaction de la parole 2 » à laquelle<br />

Jarry a été très sensible puisqu’il la met en avant au moyen de cette formulation : « L’écrivain est<br />

beaucoup plus fort qui comprend l’impossibilité d’écrire, que celui qui peut tout exprimer, sentant<br />

rudimentairement. 3 »<br />

Les points de suspension ont dans l’ouvrage de Trachsel une visée musicale car il s’agit<br />

essentiellement pour l’auteur d’indiquer au lecteur la durée des silences qui creusent les phrases<br />

ou les séparent les unes des autres : « Un grand nombre des pièces de ce volume sont au point de<br />

vue du mode d’expression, plutôt de la « Musique Littéraire » ; quelques indications musicales<br />

accompagnent donc certaines pièces plus particulièrement caractéristiques. La durée des silences<br />

est marquée en général par la longueur plus ou moins grande des ponctuations (…………..) 4 ».<br />

Mais les points de suspension montrent également, de par leur statut même de points de<br />

suspension, « l’impossibilité même du langage 5 » par quoi la parole retourne sa présence en<br />

absence, se tenant dans une non-formulation qui appelle toutes les gloses possibles, la parole<br />

devenant une presque-parole, une parole en suspens.<br />

1<br />

L’Art littéraire, nouvelle série, numéros 3 & 4, troisième année, mars-avril 1894, p. 63.<br />

2<br />

Jean de Palacio, Le silence du texte, Poétique de la Décadence, Éditions Peeters, collection La<br />

république des lettres, 9, 2003, p. 8.<br />

3<br />

OC I, p. 1010.<br />

4<br />

Albert Trachsel, op. cit., p. 5.<br />

5<br />

Michel Foucault, Dits et écrits I, 1954-1975, édition établie sous la direction de Daniel Defert et<br />

François Ewald, avec la collaboration de Jacques Lagrange, Gallimard, collection Quarto, 2001, p.<br />

269.<br />

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